• Westphalie et Hanovre du 19ème siècle

    L’Électorat du Hanovre à la fin du 18ème siècle

    Depuis 1714, le prince héritier du Hanovre est devenu Georges 1er d’Angleterre.

    A partir de cette date, la principauté sera propriété personnelle du Roi d’Angleterre et donc fortement liée politiquement et économiquement à la couronne britannique.

     

    1 - Le Hanovre et le Saint Empire Romain Germanique

    A l’époque de la révolution française, l’Électorat du Hanovre est un des composants du vaste puzzle que constitue le St Empire Romain Germanique hérité du Moyen Age.

     

    Westphalie et Hanovre du 19ème siècle


    Celui est composé d’une part de neuf états dont les princes étaient Électeurs de l’Empereur : Électorats de Hanovre (roi d’Angleterre), de Brandebourg (roi de Prusse), de Saxe, de Bavière, de Bohême, du Palatinat du Rhin, de Mayence, de Trèves et de Cologne ;

    et d’autre part une multitude de royaumes, duchés, comtés de tailles très variables, l’archi-duché d’Autriche (le plus important en population) et les Pays-Bas Autrichiens, les duchés de Mecklenbourg, Brunswick, Hesse-Cassel etc.


    La Suisse et la république Vénitienne se trouvaient aux frontières sud, la France et le Royaume-Uni des Pays-Bas à l’Ouest, les royaumes de Prusse, de Pologne et de Hongrie à l’Est.


    2 - Les villes et principautés de l’Électorat du Hanovre

    L’Électorat regroupe les territoires des principautés

    de Göttingen et Grubenhagen (Osterode) au sud,

    de Calenberg (Hanovre et Hameln), et Lünebourg à l’Est (Lüneburg, Celle, Bergen, Burdorf),

    de Hoya et Diepholz à l’Ouest,

    de Verden et Brême au Nord, Lauenbourg à l’embouchure de l’Elbe,

    auxquelles s’ajoutera Osnabrück à l’Ouest en 1803

    .
    Le Brunswick et l’Hildesheim indépendants séparent Göttingen du reste de l’Électorat.
    Les villes (ports) dites Hanséatiques de Brême, Hambourg et Lubeck sont indépendantes.

     

    Westphalie et Hanovre du 19ème siècle

     

    3 - La situation après 1789

    La révolution Brabançonne de 1787-1789 avait chassé les autrichiens des Pays-Bas autrichiens et avait établi l’éphémère Confédération des Etats Belgiques Unis en 1790, suivi d’une courte restauration autrichienne.

    De 1793 à 1795, les opérations militaires des troupes révolutionnaires françaises contre les autrichiens aux Pays-Bas méridionaux aboutissent à l’annexion des états belges début 1795, avec la constitution de neuf départements français.
    Le St Empire Romain Germanique et le Hanovre se déclaraient neutre vis-à-vis de la France en 1795.
    La même année, la guerre entre la France et la Prusse prenait fin par le traité de Bâle. (Cession à la France des duchés de Clèves et Gueldre au nord entre Meuse et Rhin)

     

                          carte de l'Empire Germanique en 1795 au traité de Bâle (électorat de Hanovre en vert)

    Westphalie et Hanovre du 19ème siècle

     

    Le Hanovre au début du 19ème siècle

    Comme la plupart des territoires de l’Europe à cette période, le destin du Hanovre entre 1800 et 1815 est fortement lié aux multiples campagnes militaires de Napoléon qui l’opposèrent à l’Angleterre et à ses différents alliés sur le continent.
    Durant la première décennie, le Hanovre va connaître des occupations soit françaises soit prussiennes, en particulier pour le contrôle des ports des villes hanséatiques de Brême, Hambourg et Lübeck, pour atteindre les principaux alliés de l’Angleterre sur le continent, ou pour assurer le blocus des îles britanniques.

     

    1 - La 2ème coalition de 1799-1802


    La 2ème coalition, formée à l’instigation de la Grande-Bretagne, réunissait également la Russie, l’Autriche, l’empire Ottoman et la Suède contre la France et la Prusse.

     
    Pendant la guerre de la 2éme coalition contre la France, Napoléon demande à ses alliés Prussiens d’occuper le Hanovre (lié aux Britanniques).
    Ainsi, en Avril 1801, Hanovre est envahie par 24.000 Prussiens, qui se retirent rapidement après leur défaite de Copenhague contre les Suédois.
    Finalement durant l’année 1801, l’Autriche, Naples, la Turquie puis la Russie signent des traités de paix avec la France de l’Empereur Napoléon de retour d’Égypte.


    Le 25 mars 1802, le traité d’Amiens consacre la paix entre l’Angleterre d’une part et la France, l’Espagne et les Pays-Bas d’autre part.
    Toutes les possessions des uns et des autres prises pendant la guerre sont restituées : entre-autre la France doit évacuer Naples, Rome et la Hollande, l’Angleterre Malte.
    La « paix d’Amiens » ne dure qu’un an ; Malte n’est pas évacuée, la Hollande non plus, Napoléon poursuit sa politique d’annexion en Europe ainsi qu’une politique de protectionnisme économique qui bloque les débouchés industriels britanniques et leurs importations agricoles du continent.

    2 - Le conflit Franco-britannique de 1803-1805


    Ainsi le 17 mai 1803 les britanniques saisissent des navires de commerce français et leur marchandises.
    Le 23 c’est la déclaration de guerre, la marine anglaise occupe les colonies françaises des Caraïbes et d’Indes et bloque les escadres françaises dans les ports.


    En représailles, le 27 Mai les troupes françaises du Général Mortier envahissent le Hanovre, bloquent les ports de la Weser (Brême) et de l’Elbe (Hambourg) et les échanges entre l’Angleterre et le continent.
    L’armée hanovrienne est désarmée, armes et chevaux confisqués, en juillet 1803 il n’y a plus d’armée.

    3- La 3ème coalition de 1805.


    Sous la menace d’un débarquement des troupes françaises depuis Boulogne, la Grande-Bretagne organise à partir d’Avril 1805 une nouvelle coalition, réunissant la Russie puis l’Autriche et la Suède en octobre, avec pour objectif de libérer le Hanovre, la Hollande et l’Italie.
    A l’automne 1805, 40.000 Britanniques Suédois et Russes s’emparent de Hanovre que les forces françaises venaient de quitter pour une campagne en Autriche.


    Malgré la défaite de Trafalgar en octobre 1805 infligée par l’Amiral Nelson sur la flotte franco-espagnole, Napoléon inflige une défaite humiliante aux coalisés à Austerlitz le 2 Décembre ; l’armistice est signé le 6. Le traité de Presbourg du 26 Décembre affaibli considérablement l’Autriche qui se voit réduite d’un quart.

    4- La 4ème coalition de 1806-1807.

    Celle-ci réunit l'Angleterre à la Russie, la Suède et la Prusse.
    Napoléon tente cependant d’intégrer la Prusse à son système continental anti-britannique en lui offrant le contrôle du Hanovre (traité de Paris de février 1806) en échange d’autres territoires et de la fermeture des ports de Prusse aux britanniques.
    Le 12 Juillet 1806, le St Empire Romain-Germanique est dissout, Napoléon créé la Confédération du Rhin, une association de 16 états allemands sous la protection de la France. (Les Royaumes de Bavière, de Wurtemberg, de Saxe, Grands Duchés de Bade, de Hesse de Wurtzbourg etc).

                    

                            carte de l’Allemagne en 1806 (Prusse et Hanovre; Confédération du Rhin) 

    Westphalie et Hanovre du 19ème siècle

     
    Le titre d’Électeur du Brandebourg devient celui de Roi de Prusse.
    Cependant celui-ci refuse cette nouvelle organisation de l’Allemagne, il mobilise et se retourne contre la France en Septembre, il est finalement défait à la bataille d’Iéna en Octobre 1806 et la France reprend le Hanovre.

    La Russie affronte seule la France durant la campagne de Pologne de l’hiver 1806-1807.
    En novembre Murat entre à Varsovie abandonnée par les Russes de Bennigsen repliés à l’Est de la Vistule.
    Les 13 et 14 Juin 1807 Napoléon et ses 80.000 hommes écrasent les 60.000 russes de Bennigsen à Friedland.

    Le Traité de Tilsit signé au mois de Juillet entre Napoléon et le Tsar Alexandre met fin à cette 4ème coalition. La Russie s’allie à la France et adhère au blocus contre l’Angleterre, la Prusse perd la moitié de ses territoires et de sa population à l’ouest de l’Elbe et en Pologne.

    Napoléon établit d’une part un Royaume de Westphalie en réunissant les territoires cédés par la Prusse à la France avec des états germaniques, royaume qu’il confie à son frère cadet Jérôme Bonaparte et d’autre part un Grand Duché de Varsovie qui revient au roi de Saxe Frédéric-Auguste Ier.

     

                carte de l'Allemagne de 1807  (Hanovre, Royaume de Westphalie, Confédération du Rhin, Grand Duché de Varsovie, Prusse, Autriche)

    Westphalie et Hanovre du 19ème siècle

     

    5 - Le Royaume de Westphalie

    Il comprend les états de Brunswick-Wolfenbuttel, la partie d'Alt-Marck, et celle du pays de Magdebourg, qui sont situés sur la rive gauche de l'Elbe ; le territoire de Halle ; le pays d'Hildesheim, et la ville de Goslar ; le pays de Halberstadt ; celui de Hohenstein ; le territoire de Quedlimbourg ; le comté de Mansfeld ; l'Eischfeld avec Trefurth ; Mulhausen ; Nordhausen ; le comté de Stolberg-Wernigerode ; l'état de Hesse-Cassel, avec Riteln et le Schauenbourg, non compris le territoire de Hanau et le Catzenellenbogen sur le Rhin ; le territoire de Corvey ; Goettingen et Grubenhagen, avec les enclaves de Hohenstein et Elbingerode ; l'évêché d'Osnabruck ; l'évêché de Paderborn ; Minden et Ravensberg ; et le comté de Rietber-Kaunitz.

     

    En 1807, le royaume est d’abord divisé en huit départements sur le modèle français :

    Le Weser (Osnabrück), le Hartz (Heiligenstadt), l’Elbe (Magdeburg), la Fulda (Cassel), la Leine (Göttingen), la Saale (Marburg), l’Oker (Brunswick) et la Werra (Marpourg), et est doté d’une administration et de lois modernes, d’une constitution écrite.

     

    Westphalie et Hanovre du 19ème siècle

     

    Le 14 janvier 1810, par le traité de Paris, le royaume de Westphalie s'agrandit au nord par l'annexion des dépendances hanovriennes de Brême (évêché), Verden, Hoya, Diepholz et Lunebourg en entier, ainsi que de la partie septentrionale de la principauté de Calenberg.
    Quelques mois plus tard, les nouveaux territoires donnèrent naissance à trois nouveaux départements : Aller (Hanovre) qui correspond à Calenberg et Hanovre, Elbe Inférieure (Lüneburg) et Nord (Stade).

    Mais quelques mois plus tard après l’annexion à l’Empire Français du royaume de Hollande en juillet 1810 et afin de consolider le blocus des iles anglaises, l’administration napoléonienne créé un certain nombre de départements « Hanséatiques » dès janvier 1811, en partie au détriment de départements du royaume de Westphalie : Les Bouches de l’Elbe, les bouches du Weser, l’Ems supérieur, la Lippe et d’autres départements plus au sud en Hollande.

    Ainsi le département des Bouches de l’Elbe comprend les 4 arrondissements de Hambourg, Lübeck, Lünebourg et Stade.
    Celui des Bouches du Weser les arrondissements de Brême, Nienburg, Oldenbourg et Bremerlehe.
    Ces villes font à ce moment partie de l’Empire Français jusqu’en 1813.

    Plus au sud, les huit départements de Wesphalie de 1811 sont donc :
    Hartz (Halberstadt), Elbe (Magdeburg), Fulda (Cassel), Leine (Göttingen), Saale (Marburg), Oker (Brunswick), Werra (Heiligenstadt), et Aller (Hanovre).


    LES ARMEES DE WESTPHALIE jusqu’en 1813

    L’article 5 de la constitution de 1807 installe le Royaume de Westphalie dans la Confédération du Rhin et à ce titre, l’engage à fournir un contingent de 25 000 hommes, ce qui ne fut pas une mesure populaire.

    Ainsi des troupes Wesphaliennes prirent part aux différentes campagnes militaires de Napoléon :

    En Espagne de 1808 à 1811.
    Dès le printemps 1808, Napoléon demanda à son frère Jérôme, Roi de Westphalie, de lui envoyer des troupes pour la Campagne d’Espagne.
    Un bataillon westphalien (1000 hommes) fut promptement organisé et envoyé au Corps d’Observation des Côtes de l’Océan du Maréchal Moncey.
    Au début de 1809, sont également envoyés en Espagne une division d’infanterie (4500 hommes) du Général Morio, et un régiment de chevau-légers de 3 escadrons et 487 sabres.

    En Autriche en 1809 :
    Les Westphaliens formèrent le Xème Corps de la Grande Armée sous les ordres de leur roi Jérôme avec deux divisions et 7600 hommes. Cette campagne peu glorieuse réduit d’au moins 2500 hommes les effectifs.

    Après 1809, Jérôme reconstruit son armée, la développe pour créer le VIIIème Corps d’Armée, véritable " joyaux " des armées westphaliennes du Premier Empire.

    En Russie en 1812 :
    Le VIIIème Corps passa sous le commandement du Général Junot après le départ fracassant de Jérôme pour son royaume.
    En Juin 1812, cette armée compte deux divisions d’infanterie d’un total de près de 15000 hommes et une cavalerie de 1800 hommes, effectifs déjà réduits de moitié début Septembre avant la bataille de la Moskowa/Borodino puis la prise de Moscou.

    A la suite de la retraite catastrophique de Novembre, seuls 30 000 hommes reviendront de Russie en Décembre, dont seulement 600 Wesphaliens !


    En Allemagne en 1813 :
    Après le désastre de Russie, les seules unités constituées westphaliennes étaient le 4ème et 5ème de Ligne (garnison Kustrin) et le 1er de Ligne (garnison de Danzig).

    En avril 1813, la 37ème division du Général Hammerstein est constituée de 4500 hommes.
    Cette division n’aura pas le temps d’entrer en ligne avant la bataille de Bautzen (Mai 1813) et l’armistice de quelques semaines qui suivi.
    Avec la reprise des hostilités et les signes de défections des " allemands ", Napoléon préféra répartir ses alliés allemands dans les différents corps français, mais la désertion fut très importante pour l’infanterie.
    Les chevau-légers après avoir combattu à Gross Beeren et Dennewitz, se couvrirent de gloire à Leipzig le 18 octobre alors qu’ils ne formaient plus qu’un escadron de 160 sabres.
    Le régiment des fusiliers de la Garde fut amalgamé au restant de 4 compagnies de Grenadiers de Ligne pour former un bataillon de Garde Westphalienne (effectif d’environ 500 hommes)

    Avec la défaite de Leipzig d’octobre 1813 et l’invasion du Royaume par les alliés, l’armée Westphalienne disparu. La seule unité westphalienne (ou plutôt en partie), est le régiment des Hussards " Jérôme Napoléon ", qui fut introduit dans l’armée française au titre de 13ème Hussard.
    Ce 13ème Hussards présent dans la brigade Subervie de la 3ème division légère du Vème Corps de Cavalerie (Milhaud) était fort de 232 sabres au 20 février 1814 ; il fut anéanti à la bataille de la Fère-Champenoise le 25 mars.

    Les revenants de l’armée westphalienne de 1813, et surtout la garde nationale furent organisés plus tard en régiments de Landwerh westphalienne (5 régiments) qui combattirent à Ligny et à Waterloo (1815) dans l’armée prussienne, notamment contre leur ancien Monarque, redevenu général de Division.


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