• Le village de Gognies-Chaussée

    Aussi loin que l'on puisse remonter à ce jour, l'histoire de la branche maternelle de notre famille trouve ses origines autour du petit village de Gognies Chaussée (Gognies-Cauchies), sur l'actuelle frontière avec la Belgique, au nord de Maubeuge en direction de Mons.

    Les Ancêtres Delfosse de Gognies

    Le village est situé le long de l'antique voie romaine de Bavay vers Tongres en Belgique, une des sept voies qui rayonnaient depuis Bagacum (Bavay), l'ancienne capitale des Nerviens à l'époque gallo-romaine.

    Celle-ci était un centre important du réseau routier établi par l'empereur Auguste. En particulier la voie stratégique depuis Cologne sur la frontière du Rhin, via Tongres, Bavay, Cambrai, Arras, jusqu'à Boulogne, qui connectait le Rhin à la mer du Nord.

    Les Ancêtres Delfosse de Gognies

    Bagacum/Bavay était ainsi également reliées aux autres "chef-lieux" des civitas /territoires des différents peuples "belges/gaulois" des environs:

    • vers l'Est : à Augusta Trevorum/Trèves des Trévires sur la Moselle par la voie passant par Feignies puis Dinant sur la Meuse.
    • vers le Nord-Est : à Atuatuca Tongrorum/Tongres des Eburons , jusqu'à Colonia Claudia Ara Agrippinensis /Cologne des Ubiens sur le Rhin, par la chaussée de Gognies
    • vers le Nord :  une route menait vers Utrecht par Nimy près de Mons. Une seconde route menait vers Gand et Bruges par Blicquy près de Tournai.
    • vers le Nord-Ouest:  à  Castellum Menapiorum/Cassel des Ménapiens, via Valencienne et Tournai.
    • vers l'Ouest : à Cambrai Nemetacum Atrebatum/Arras des Atrébates et Samarobriva/près d'Amiens des Ambiens , par Camaracum/Cambrai
    • vers le Sud-Ouest : à Augusta Viromanduorum/Vermand dans l'Aisne des Viromanduens, puis à Beauvais et Soissons.
    • vers le sud-est : à Durocortorum/Reims des Rèmes via Avesnes.

     

    Depuis Bavay/Bagacum, la première étape de l'itinéraire se trouvait à 22 miles romains, soit 29 kilomètres à l'Est, au vicus de Vodgoriacum(*) que l'on identifie à Waudrez près de Binche. Il s'agissait, sous l'empire, d'une agglomération commerçante près de laquelle on a retrouvé une grande villa romaine et son domaine agricole. A Givry se trouvait également un fort romain.

    Selon un auteur contemporain*, en 291, l'Empereur Maximien-Hercule après être revenu de Trèves avait décidé de concéder à des Francs une grande partie des terres des Nerviens et des Tréviriens où la population manquait. Ces colons établis sur les terres du domaine impérial et en charge de leur défense étaient dénommés Lètes ou Loeti. Ainsi une colonie de Lètes francs se forma le long de la chaussée romaine de Bavai à Tongres, à proximité du vicus de Vodgoriacum. (le nom initial de Les Estinnes/Leptines dériverait de "Lètes" "Liten" et "innes" habitations en langue franque)

    Entre l'actuel village de Gognies qui se trouve à mi-chemin entre Bavay et ce premier vicus/village de Vodgoriacum/Waudrez s'étendait le fundus gallo-romain des Estinnes, comme en témoigne la présence de fondations de plusieurs villae et d'installations agricoles entre Givry, Fauroeulx et les Estinnes-au-Val.

     

    Du Ier siècle au IVe siècle, le fundus des Estinnes ou Leptines couvrait plus de 2000 hectares de terres cultivées et de forêts  au centre desquels se trouvait la plus importante et luxueuse villa. Ce véritable palais similaire aux plus grandes villa romaines de l'ancien empire, avec des dizaines de chambres, des bains, est alors le centre d'une agglomération de petites maisons à Estinnes-au-Val et connait une activité économique et stratégique importante.

    Au début du IVe siècle, les bâtiments sont régulièrement détruits par les envahisseurs germaniques, jusqu'à l'abandon du domaine et de la présence romaine à la fin du siècle. Pendant la période franque qui suit, le domaine devient semble-t-il domaine royal avec les territoires de Bray et Fauroeulx.

    En l'an 743, le Maire du Palais Carloman, fils de Charles Martel, convoqua un concile à Leptines, ce qui laisse penser qu'un important domaine pépinide s'y trouvait.

    A partir de 751  Pépin le Bref est élu roi des francs, le domaine devient fisc royal carolingien. Les rois francs s'y arrêtaient fréquemment lors de leurs trajets du Rhin et la Meuse à la Seine ou la Somme. Le domaine se trouve circonscrit entre 3 cours d'eau formant un triangle, la Haine, La Sambre et la Trouille, barrières naturelles qui maintenaient le gibier comme dans un vaste parc.

     

    Les Ancêtres Delfosse de Gognies

     


    Après le règne de Charlemagne de 768 à 814, de son fils Louis 1er le Pieux jusqu'en 840, l'Empire est partagé entre les trois fils de ce dernier au Traité de Verdun (en l'an 843):

    Charles II le chauve règne sur la Francie occidentale, future France;

    Lothaire 1er sur une Francie médiane ou Lotharingie, de la mer du nord, à la Provence et à l'Italie.

    et Louis II le germanique sur la Francie orientale, future Germanie.

    En 855, le nord de la Francie médiane revient à Lothaire II. Cette Lotharingie s'étendait entre les vallées de l'Escaut, de la Meuse et du Rhin, dont en particulier les comtés du Hainaut, du Cambresis et du Brabant. ( Ses frères reçoivent les couronnes d'Italie et de Provence-Bourgogne).

    Charles le chauve dû le premier affronter une Grande Armée Danoise conduite par Ragnar Lodbrock qui assiègea Paris en 845. Puis cette grande armée païenne s'attaqua à l'Angleterre à partir de 865, sous la direction des fils de Ragnar qui rassemblent plusieurs centaines de navires et milliers d'hommes. Le nord, l'est et le centre de l'ile (Northumbrie, East-Anglie et Mercie) sont pris en 866/870. L'invasion est stoppée en 878 par le roi Alfred du Wessex. Les Danois s'établissent dans le royaume viking d'York au nord de l'ile.

    A la mort de Charles II en Francie occidentale en 877, une deuxième vague d'invasion commença venant du royaume d'York. En 879, les Danois/Vikings ravagent le nord de la Neustrie

     

     

     

     

    Puis au cours des invasions normandes, le palais est détruit par les Vikings vers l'an 880.

    Le village est connu par plusieurs manuscrits du XIIe siècle sous le nom de "Gregnies" et aussi "Goegnies", "Gongnies", "Gaugnies".
    Au moyen âge, le village de Gognies se trouve au milieu d'une plaine légèrement ondulée, avec ça et là quelques fermes ombragées d'arbres et le long d'une des sept voies romaines qui rayonnent de Bavay, la "chaussée Brunehaut". (de là la seconde partie du nom "Cauchies" = Chaussée).
    Il semblerait qu'un noyau de quelques habitations pour la commodité de la ville voisine fut élevé à Gognies en 958, par Brunon Archevêque de Cologne et frère de l'Empereur Othon le grand.
    En 1195, le comte Baudouin restitua un bois et des terres labourables situées à Gognies aux églises de St Pierre et St Quentin de Maubeuge.
    Plus tard, les trois seigneuries de Gognies, Gontreuil et Rogeries étaient partagées entre l'Abbaye d'Hautmont et le chapitre de Maubeuge.


    Par le Traité de Nimègue de septembre 1678, le village a été divisé en une partie "belge" et une partie française au sud avec la voie centrale (la chaussée) binationale.

    En 1900, le village regroupait quelques 700 habitants dans moins de 200 maisons, 400 habitants tout au plus à la Révolution, et sans doute encore un peu moins au 17eme siècle à l'époque du Traité de Nimègue.
    Ainsi il n'y avait peut être que 70 familles à Gognies, dont les familles Delfosse, Croÿ, Lienart, Lossignol, Lespilette, Willane, Hugues, Motte, Hoing, Coleman, Wauquier qui sont tous nos ancêtres.

    Depuis le 28 mars 1820, par le Traité des limites signé à Courtrai, Gognies est partagée en deux entre la France et la Hollande puis la Belgique

     

    Sources et notes

     

    Germaine Faider-Feytmans, Les Nécropoles mérovingiennes, vol. II, Mariemont, Musée de Mariemont, coll. « Collection d'archéologie régionale du Musée de Mariemont », 1970, 270 p..

    Eumène (296)." Panegyr. seu grat. actio Constantino Cœsari" , in Paneyyr. vet. Paris, 1670; p. 180

    Vodgoriacum sur l'Itinéraire d'Antonin (372, 2) et Vogo Dorgiaco sur la Table de Peutinger, entre Bagacum et Geminiacum (Liberchies)


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  • Les cellules somatiques (du corps) contiennent en leur noyau une information génétique sous la forme de longues molécules d'ADN condensées en chromosomes groupés par paires.


    Au moment de la formation des cellules reproductrices, ovules et spermatozoïdes, une division cellulaire s'effectue à partir d'une cellule dite germinale, au cours de laquelle les chromosomes vont se disposer de manière aléatoire vers deux pôles de cette cellule qui va se scinder en deux cellules filles. Chaque cellule fille, future cellule reproductrice, contiendra donc un seul exemplaire de chaque paire de chromosome, donc un seul allèle de chaque gène, cette différentiation est appelée  brassage inter-chromosomique.
     

    Il peut également se produire un échange réciproque de fragments de chromosome entre deux chromosomes homologues d'une paire, par enjambement, et cela avant leur séparation en deux lots ce qui rajoute un second brassage de gènes dit intra-chromosomique.

    Ce mécanisme forme des chromosomes hybrides qui mélangent des séquences de plusieurs ancêtres masculins et féminins qu'il est difficile de séparer et d'interpréter.
    Certains segments de chromosome restent toujours stables et quasi-identiques au fils des générations n'étant jamais affectés par des enjambements. De ce fait ils sont présents de manière inchangée chez de nombreux individus, et constituent ce que l'on nomme des haplogroupes et des haplotypes.
     

    Deux catégories d'haplogroupes sont couramment étudiées:
    Les haplotypes de l'ADN des mitochondries (mt-ADN)

    et ceux de l'ADN du chromosome Y des hommes (Y-ADN).

    En effet ces deux types d'ADN sont hérités sans transformation des mères par leurs enfants pour d'ADN mitochondrial, et des pères par leurs fils pour l'ADN du chromosome Y.


    L'ADN mitochondrial (ADN-mt)


    Chaque cellule renferme environ 2000 mitochondries qui produisent l'énergie cellulaire sous forme d'ATP. Chaque mitochondrie contient les mêmes copies de 2 à 4 molécules d'ADN de forme circulaire d'environ 16.000 paires de bases.

    Ces ADN leur sont propres et sont les copies  des ADN des mitochondries contenues par les seuls ovocytes et ovules, les quelques mitochondries du spermatozoïde ne sont pas transmises au moment de la fécondation. Ainsi chaque individu hérite toujours des mitochondries et de l'ADN mitochondrial de sa mère qui se transmet tout au long d'une lignée dite maternelle.


    Parmi les 16.000 paires de bases de l'ADN mitochondrial, une petite région de 569 bases appelée la "boucle D" est non codante et n'a pas de rôle spécifique. Cette très petite zone  particulièrement analysée par les généticiens, comporte deux régions dites "hypervariables" HVR1 et HVR2, où apparaissent de nombreuses mutations sous la forme de simples substitutions de bases (C pour T ou l'inverse). Ces mutations sont sans conséquences sur la production de protéines, mais permettent de comparer et différencier des lignées séparées (haplotypes maternels) en fonction de la position de la mutation et de la nature de celle-ci. 
     

    Ainsi par exemple, l'haplogroupe V de l'ADN mitochondrial correspond à une mutation d'une seule base, le remplacement d'une Cytosine (C) par une Thymine (T) à l'emplacement 16298.
     

    Ces petites mutations d'une seule base sont appelées marqueurs SNP(1)  , ils échappent aux remaniements des chromosomes parentaux, une fois apparus ils se transmettent de générations en générations et caractérisent des groupes de personnes, véritables clans génétiques  dont on peut plus ou moins dater et localiser l'apparition.

    Un ou plusieurs marqueurs SNP définissent un Haplogroupe.


    Depuis les premières recherche de 1987(2)  sur les mutations des chromosomes mitochondriaux humains et donc des différents haplotypes, il a été possible de définir " l'ancêtre commune la plus récente des lignées féminines humaines"   (Most Recent Commune Ancestor: MRCA ).

    Il s'agit de la femme qui portait l'ADN mitochondrial  dont sont issus tous les ADN mitochondriaux de tous les humains actuels et qui s'est ensuite diversifié par les différents mutations relevées actuellement.  Cette femme n'était pas la seule à son époque, mais c'est la seule à avoir eu une descendance continue de filles jusqu'à présent, toutes les autres lignées ont été interrompues par l'absence de filles ou d'enfants.

    A partir des taux de mutation en fonction du temps, on peut estimer que cette ancêtre (mtMRCA) vivait en Afrique il y a 150 à 170.000 ans, elle avait la peau noire et était sans doute une pygmée.


    L'ADN du chromosome Y.


    Ce chromosome est uniquement porté par les hommes, avec un chromosome X (les femmes ont deux chromosomes X).
    Le chromosome Y est le plus petit des chromosomes, environ 58 millions de bases, trois fois moins que le X. La région déterminant le sexe, région SRY, représentant 90% du chromosome, ne se recombine jamais avec le X et se transmet donc en bloc sans modifications de générations en générations mais uniquement de père en fils.

    Il se produit toutefois deux types de mutation sur ces portions: 

    1. Des mutations de type SNP par simple substitution d'une seule base, au nombre de plus de 30.000, ce qui permet de définir un grand nombre d'haplogroupes.
    2. Des mutations par des répétitions (10 à plusieurs milliers de fois) d'une séquence courte de quelques paires de bases, appelées STR(3) .  Ces STR sont caractérisés par un chiffre de localisation sur le chromosome et un second pour le nombre de répétition. (ex: DYS390:25) (DYS ).


     Les mutations STR sont utilisées pour définir  des haplotypes Y.


    De la même manière que pour la mt-MRCA, il a été montré que les haplotypes et haplogroupes du Y dérivent également d'une souche ancestrale africaine commune. Cet "ancêtre commun le plus récent du chromosome Y" (Y-MRCA) dont sont issus tous les hommes actuels est daté de -142.000 ans , mais ces évaluations temporelles sont fortement fonction des estimations des taux de mutations sur les différentes portions de chromosomes et sont régulièrement réactualisées.


    (1) SNP = Single Nucléotide Polymorphism
    (2)  Cann, R., Stoneking, M., Wilson, A.C.: 1987 Mitochondrial DNA and human evolution. Nature, 325: 31-36
    (3) STR = Short Tandem Repeats




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