• La Gaule d'avant la conquête romaine.

    Flandres, Ostrevent et Hainaut étaient avant la conquête romaine et depuis plusieurs siècles, les terres de plusieurs peuples celtes:
    Les Ménapiens au nord des Flandres actuelles
    Les Morins au sud des Flandres
    Les Atrébates  en Artois
    Les Nerviens dans le Hainaut.

    Ces populations étaient globalement celtiques ou germaniques.
    C'est Jules César dans son ouvrage "la Guerre des Gaules" qui introduit plus tard la distinction entre peuples celtiques et germaniques de part et d'autre du Rhin.
    Déjà selon Strabon, celtes et germains étaient apparentés (d'où l'origine du mot "germani" au sens de "frères") avec des  apparences, des coutumes et modes de vie très semblables.

    Depuis l'époque dite de la Tène I, les principales régions du monde celtique étaient la Champagne, les rives du Rhin et la Sarre.
    A partir de 480 av.JC. et durant tout le Vème siècle, ces Celtes de la Tène soumettent le sud-est de l'hexagone entre Rhône et Alpes jusque terres des Ligures.
    L'ensemble forme une culture "celto-ligure" dans la région dont l'oppidum sera Entremont près d'Aix, ce qui posera des problèmes de cohabitation avec la cité commerçante grecque de Phocea (Marseille).

    Certains indices laissent supposer que l'incursion d'une population venue de l'est de l'Europe a pu avoir eu lieu à cette époque: des tombes typiques des Scythes ont été retrouvées en Belgique, ainsi que des pointes de flèche caractéristiques etc.

    Au début du IVème siècle, des populations de celtes vont pénétrer l'Italie du nord des Etrusques, fonder Bononia (Bologne), la cité des Boïens, et s'y installer pour deux siècles.


    Au IIème siècle, Rome reprendra les terres celtes cisalpines à partir de -225, fondera deux provinces romaines en Hispanie en -202, écrasera les celto-ligures d'Entremont en  -124,  remplacera leur cité par une nouvelle ville fortifiée Aquae sextiae (Aix), puis soumettra en -121 le roi Bituit du peuple des Arvernes qui contrôlait tout le sud-est.


    Narbonne, capitale de la Gallia transalpina est fondée en -118, la voie Dominitia reliant l'Italie à l'Hispanie est mise en chantier. Sur l'ancien territoire gaulois la nouvelle province romaine, la Provincia se peuple de colons venus d'Italie centrale.
    Face à cette pression, les élites gauloises nouent progressivement des contacts politiques, des alliances avec le Sénat romain. La Gaule a été romanisée avant même la conquête de César.


    La Gaule Belgique


    On ne connait pas précisément les peuples qui occupaient les territoires du nord de l'hexagone et de la belgique avant le IIIème siècle av.JC.
    A partir de -300/-275, des indices archéologiques indiquent qu'il s'est produit une immigration de petits groupes en provenance du milieu danubien, (après semble-t-il au moins un siècle de  dépeuplement local), et qui se sont plus ou moins agrégés au substrat celte local (dans les tombes, les femmes portent alors des anneaux de chevilles et des torques typiques du monde celte du Danube).

    Ainsi dès le IIIème siècle, les Belgae, des celtes venant de Bohème et du Danube,  franchissent le Rhin vers le sud et repoussent les tribus locales installées au nord de la Seine: On sait qu'une partie des Parisii  va passer en Bretagne insulaire (dans le Yorkshire), une autre s'installera sur les rives de la Seine, les Séquanes quittant celle-ci pour la Franche-Comté etc.


    Cette première vague de Belgae est constituée des Atrébates, des Ambiani, des Bellovaci, peut être des Remi, et sans doute des Menapii et des Morinii.
    D'autres celtes de Bohême vont également migrer vers le sud-ouest de l'hexagone, les Volques tectosages dans la région de Toulouse.

    Un siècle plus tard, durant la période dite de la Tène II (-250/-150), une seconde vague de Belgae sans doute un peu plus germanisés,  passera du nord au sud du Rhin: les Nervii et les Eburones, certains comme les Catuvellaunni passent en Bretagne insulaire autour de Colchester.

    A partir de 120 av.JC., deux peuplades de germains quittent le Jutland/Danemark (Les Cimbres) et la région de l'Elbe et du littoral de la Baltique (les Teutons) et vont semer l'effroi dans toute l'Europe pendant une vingtaine d'année. Ils avaient été rejoint en Bohême par quelques tribus de Boïens, puis par des Helvètes, les Tigurini, les Ambrons, les Ombriens.


    Selon Tite-Live, après avoir été finalement repoussés par les Ibères, les Cimbres se réunirent aux Teutons à Rouen (Rotomagus)  vers -103.
    Selon César, la Gaule Belgique avait seule résisté aux Cimbres et aux Teutons. Une partie des Cimbres serait restée dans un territoire situé entre la Sambre et la Meuse, ce qui correspond à l'Avesnois en France actuelle et les terres entre Charleroi, Namur, Dinant, Chimay en Belgique, sous le nom d' Atuatuques entre le pays des Nerviens et celui des Eburons.
    Finalement les Teutons puis les Cimbres seront réellement anéantis en -102 par le général romain Marius, les premiers à Aquae sextiae (Aix)  puis les seconds un an plus tard dans le Piémont.

    A l'origine avant la romanisation, chaque peuple (appelé plus tard civitas / cité) était constitué de plusieurs tribus (ou pagi), en général 3 ou 4.
    Chaque pagus était un ensemble de familles liées par des liens de sang, de tradition ou de voisinage et formant un rameau d'une plus grande peuplade, mais avec une réelle indépendance.
    Il est probable que celles ci portaient en général le nom de l'ancêtre, réel ou mythique, dont elles croient descendre. Ainsi certains pagus sont les descendants des anciens clans, les représentants des "gentes", des clans ayant migrés à la suite d'un chef dont tout les membres (clients) avaient le même nom, la même croyance, le même domaine et le même étendard, associés pour "le culte, la terre et la guerre".
    Au milieu du 1er siècle, le pagus gaulois ne correspond déjà plus exactement au clan qui avait déjà dû se morceler en un certain nombre de familles.
    La très grande mobilité des populations gauloises entre les Pyrénées et le Rhin fut stoppée par la domination romaine qui fixa le pagus dans un canton, un territoire.
    Les cantonnements de ces différentes tribus, des ces pagi, ont conservé souvent jusqu'à nos jours le nom distinct de "pays". Ainsi, les pays de France sont les anciens territoires de ces tribus / pagi antiques.

    César à son arrivée en Gaule (BG, I, 1) au milieu du Ier siècle av.JC. délimite très grossièrement une Gallia Belgica  au sud par la Seine inférieure et la Marne, à l'ouest par le littoral, au nord et à l'est par le Rhin ("Les Belges étaient séparés des Gaulois par la Seine et la Marne" Bellum Gallicum).
    A ce moment, il se réfère à la géographie de la Gaule du Nord établie grossièrement par le Grec Posidonios du début du Ier siècle av.JC.

     
    Les trois Gaules avant la conquête.

    "Toute la Gaule est divisée en trois parties, dont l'une est habitée par les Belges, l'autre par les Aquitains, la troisième par ceux qui, dans leur langue se nomment Celtes, et dans la nôtre Gaulois. Ces nations diffèrent entre elles par le langage, les institutions et les lois."

    Par la suite dans les tomes suivants relatant les campagnes contre les Belgae, il semble qu'il distingue d'une part une Gallia Belgica au sens large et d'autre part un Belgium plus restreint à l'ouest, regroupant les tribus de Belgae véritables qui étaient issues des premières migrations du IIIème siècle.


    Ce Belgium au sens strict aurait été circonscrit entre l'Authie et le nord du Vexin et entre le littoral et l'Oise, soit les territoires des Ambiens, des Bellovaques, des Viromanduens, des Atrébates.
    Ces peuples et ces territoires ont pour caractéristiques communes de n'avoir pas eu d'oppida à cette époque (au sens de centre économique déjà ancien), d'avoir été émetteurs de nombreuses monnaies caractéristiques dès le IIème siècle, en particulier chez les Ambiens, et enfin d'avoir des coutumes funéraires avec incinération .


    Il est difficile de reconstituer précisément la géographie des tribus gauloises ou germaniques de cette Gaule du nord ou Gaule Belgique au premier siècle av.JC. avant la conquête romaine.

    Les peuples Belgae au sens de César:


    Au sud-ouest, les Bellovaques sont situés dans la région autour de l'actuelle ville de Beauvais. César cite un oppidum Bratuspantium (BG, II,13) qui reste non situé à ce jour et qui n'était peut être qu'un site retranché.

    Autour de la Somme, au sud de l'Authie,  les Ambiani sont établis dès le milieu du IIème siècle av.JC.  
    Samarobriva ("le pont sur la Somme") à l'ouest  d'Amiens fut plus tard leur capitale mais semble n'avoir été au départ qu'un camp de César autour duquel s'est agrégé une population.  Il est supposé que le peuple des Britanni ait occupé la basse vallée de la Somme et la côte avant de migrer dans l'ile de Bretagne.

    L'amont de la Somme jusqu'à l'Oise était le territoire des Viromanduens (les "hommes-chevaux") qui étaient sans doute "clients" des Ambiens. Leur oppidum était probablement situé sur l'emplacement de l'actuelle ville de Vermand.

    L'est du Pas-de-Calais actuel, l'Artois jusqu'à Cambrai, le pays entre la Scarpe et l'Escaut, était occupé par les Atrébates. Nemetocenna (Arras) sur l'amont de la Scarpe fut plus tard leur capitale.

    Les peuples celtiques au sens de César:


    Les Suessiones sont à l'est des Bellovaques, autour de la future ville de Soissons sur l'Aisnes. Leur capitale/oppidum était nommé Noviodunum.

    Plus à l'est encore, les Rèmes occupent le vaste territoire de la Champagne, de la Marne aux Ardennes et jusqu'à la Meuse. Leur oppidum était Durocortorum (Reims actuel).



    Les peuples belges germanisés:

    Les côtes du Pas-de-Calais et des Flandres était peuplées par les Morins, d'Etaples à Bruges. Leur principal port était Bononia (Boulogne) et il n'est pas fait mention d'un oppidum principal à cette époque.

    Plus au nord, les Ménapiens  étaient les occupants des côtes des Flandres actuelles, de la Zélande, des Bouches du Rhin sur les deux rives, depuis Cassel au nord de l'Hexagone, jusqu'à Gand et le cours de l'Escaut à l'est.

    Les Nerviens étaient récemment installés dans le Hainaut actuel, entre l'Escaut à l'ouest et la Dyle et la Sambre à l'est, autour de l'actuelle ville de Bavay. Leurs oppida ne sont pas connus.

    Selon César, les Eburons se trouvait très à l'est, entre le Rhin et la Meuse. Seule une petite partie occupait la rive gauche de la Meuse au sud du Demer au niveau de Liège et jusqu'à la Dyle qui les séparait des Nerviens. Leurs deux rois au moment de la conquête étaient Ambiorix et Catuvolcos.
    Leur nom fait référence à l'If  pour lequel ils étaient réputés.

    Depuis la guerre des Cimbres cinquante ans plus tôt, une partie de ceux-ci s'étaient établis entre les Nerviens et les Eburons sous le nom d'Aduatuca/Atuatuques.
    Il semble que leur territoire s'étendait entre la Sambre et la Meuse, c'est à dire l'Avesnois et la Fagne.  Leur oppidum a été récemment situé près de la Sambre entre Maubeuge et Charleroi, au sud de Thuin

    La vaste région entre l'estuaire de l'Escaut et la Meuse au nord du Demer et des territoires des Nerviens et des Eburons étaient alors une zone humide et désertique.

    A l'est et au sud de la Meuse au niveau de Liège et Namur se trouvaient les Condruses, qui ont donné leur nom à la région Wallonne du Condroz.
    Au sud au niveau de Dinant se trouvaient les Paemani
    puis les Sègnes sur la rivière l'Ourthe.
    Encore plus au sud s'étendait le vaste territoire des Trévires entre Meuse et Moselle correspondant au Luxembourg actuel. Leur oppidum a été situé à Titelberg au Luxembourg et remontait à la période Hallstattienne.

     

    A l'extérieur de la Gaule, les peuples "germaniques":

    Quelques décennies plus tôt, les Cimbres et Teutons ont bousculés les populations des territoires traversés, dont les Celtes d'Europe Centrale (Boïens de Pannonie) et le groupe des Suèves du centre-nord de la Germanie.


    Tacite (58-120 apJC.) situe leur territoire d'origine entre l'Elbe et l'Oder, les divise en plusieurs nations dont les Semnones, les Lombards, les Angles etc, les dit adorer Ertha la "Terre-Mère".
    Strabon (60 av.JC.-20 ap JC.)  les situe dans la forêt hercynienne et César les décrit comme des pasteurs guerriers.
    Jusqu'à présent, l'archéologie semble montrer qu'ils n'étaient ni tous celtes ni tous germains.
    Ainsi, au début du Ier siècle av.JC, une grande partie de ces Suèves se déplace vers le sud-ouest pour atteindre la moyenne vallée du Rhin ( les Champs Décumates), le Bade-Wurtemberg actuel, qu'ils occupent avec les Vangions vers 65 av.JC.

    Une coalition celte des Boïens, Helvètes, Rauraques, Usipètes et Tenctères  avait tenté de s'interposer vers -72, mais avait été défaite à Magetobriga par les Suèves d'Arioviste (Magetobriga pourrait correspondre à Magdebourg en Allemagne orientale sur les rives de l'Elbe moyen) .
    Après cette déroute, les Helvètes se seraient installés plus au sud en Suisse vers -70 et les Rauraques de la Rhur au sud de l'Alsace.
    Les Suèves s'installent de la région de Cologne, au pays de Bade à l'est du Rhin et jusqu'au nord de l'Alsace.

    Depuis le début du siècle, l'important peuple des Séquanes de la Franche-Comté (et alliés aux Arvernes) s'opposait au peuple des Eduens, allié de Rome, qui contrôlait la navigation sur la Saône.
    Entre 65 et 61, une coalition de circonstance entre Arioviste et Séquanes permet à ceux-ci de vaincre la cavalerie et toute la noblesse des Eduens.
    C'est alors que les Helvètes d'Orgetorix décident de poursuivre leur migration vers l'ouest sous la pression suève.

     


     


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