• La réunion des Etats Généraux, l'Assemblée Constituante.

     

    La crise financière conséquence de la participation de la France à la guerre d'indépendance des Etats-Unis avait obligé Louis XVI à convoquer les Etats Généraux dès le mois d'aout 1788, passage obligé pour réformer la fiscalité et lever de nouveaux impôts. Cette assemblée extraordinaire qui réunissait les trois ordres (Noblesse, Clergé et Tiers Etat) n'avait plus été réunie depuis Louis XIII.

    Fin décembre 88, le Roi consent à augmenter nettement la représentation du Tiers Etat, soit 621 représentants, pour 326 du le Clergé et 330 de la Noblesse, comme le demandait entre-autre Louis Lepeletier, Prévôt des Marchands de Paris. La convocation par le roi à lieu en janvier 89, les élections locales débutent en mars.

    Par dérogation, le suffrage devait être direct à Paris. Mais par un nouveau règlement royal du 28 mars 89, les habitants du Tiers-Etat de Paris intra muros furent appelés à désigner 5 représentants dans chacun des 60 Districts parisiens; ces 300 électeurs devant ensuite élire les 20 députés du Tiers-Etat de Paris à l'Assemblée des Etats-Généraux. Les élections eurent lieu à Paris le 21 avril 1789.

    En outre, chacun de ces 60 districts devait fournir un bataillon à l'armée parisienne, la Garde Nationale, ainsi forte de 33 000 hommes.

    Ces Districts, sortes de circonscriptions électorales, prenaient leurs noms des principales églises dans lesquelles auraient lieu les scrutins.
    Curieusement, les 60 districts électoraux sont basés sur 16 quartiers qui ne correspondent pas exactement aux 20 définis par Louis XIV.

     

    Les 60 Districts et 16 quartiers de l'ordonnance royale du 15 Avril 1789

          Quartier du Luxembourg   (correspond au quartier du même nom de l'ancien régime)
    1    District de l'Eglise    St André des Arcs
    2    District de l'Eglise    des Cordeliers déchaussés
    3    District de l'Eglise    des Carmes
    4    District de l'Eglise    des Prémontrés


          Quartier du Palais Royal   (correspond au quartier du même nom de l'ancien régime)
    5    District de l'Eglise    St Honoré (Chapitre de)
    6    District de l'Eglise    St Roch
    7    District de l'Eglise    des Jacobins St Honoré
    8    District de l'Eglise    St Philippe du Roule


            Quartier St Germain des Prés (correspond au quartier du même nom de l'ancien régime)
    9      District de l'Eglise    de l'Abbaye St Germain
    10    District de l'Eglise    des Petits Augustins
    11    District de l'Eglise    des Jacobins
    12    District de l'Eglise    des Théatins


            Quartier de l'Ile Notre-Dame (correspond au quartier Maubert de l'ancien régime)
    13    District de l'Eglise    St Louis
    14    District de l'Eglise    St Nicolas du Chardonnet
    15    District de l'Eglise    St Victor


            Quartier du Marais  (correspond au quartier du même nom de l'ancien régime)
    16    District de l'Eglise    des Blancs Manteaux  = quartier Ste Avoye
    17    District de l'Eglise    des Capucins
    18    District de l'Eglise    des Enfants-Rouges
    19    District de l'Eglise    des Pères de Nazareth


            Quartier Ste Geneviève  (correspond au quartier Maubert de l'ancien régime)
    20    District de l'Eglise    St Etienne du Mont
    21    District de l'Eglise    du Val de Grâce
    22    District de l'Eglise    St Marcel


            Quartier St Denis   (correspond au quartier du même nom de l'ancien régime)
    23    District de l'Eglise    St Nicolas des Champs
    24    District de l'Eglise    de la Trinité
    25    District de l'Eglise    des Filles Dieu
    26    District de l'Eglise    de St Laurent


            Quartier de la Cité   (correspond au quartier du même nom de l'ancien régime)
    27    District de l'Eglise    des Barnabites/ d'Henri IV
    28    District de l'Eglise    de Notre-Dame
    29    District de l'Eglise    de St Séverin


            Quartier du Louvre  (correspond aux quartiers Louvre et Palais Royal de l'ancien régime)
    30    District de l'Eglise    de St Germain l'Auxerrois
    31    District de l'Eglise    de l'Oratoire
    32    District de l'Eglise    des Feuillants
    33    District de l'Eglise    des Capucins St Honoré


           Quartier St Eustache  (correspond aux quartiers St Eustache et Montmartre de l'ancien régime)
    34    District de l'Eglise    St Eustache
    35    District de l'Eglise    des Petits Pères
    36    District de l'Eglise    des Filles St Thomas
    37    District de l'Eglise    des Capucins ou St Louis


            Quartier de la Sorbonne  (correspond au  Fg St Michel de l'ancien régime)
    38    District de l'Eglise    des Mathurins    = St André des arcs
    39    District de l'Eglise    de la Sorbonne
    40    District de l'Eglise    de St Jacques du Haut-Pas


            Quartier de la Place Royale  (correspond au quartier St Antoine de l'ancien régime)
    41    District de l'Eglise    du Petit St Antoine
    42    District de l'Eglise    des Minimes de la Pte Royale
    43    District de l'Eglise    de Popincourt
    44    District de l'Eglise    de Ste Marguerite


            Quartier des Saints Innocents  (correspond au quartier St Denis de l'ancien régime)
    45    District de l'Eglise    Ste Opportune
    46    District de l'Eglise    de St Jacques l'Hôpital
    47    District de l'Eglise    de Bonne Nouvelle
    48    District de l'Eglise    St Lazare


            Quartier de l'Hotel de Ville  (correspond au quartier de la Grève de l'ancien régime)
    49    District de l'Eglise    St Jean en Grève
    50    District de l'Eglise    de St Gervais
    51    District de l'Eglise    de St Louis la Culture
    52    District de l'Eglise    des Enfants-trouvés


            Quartier Saint Martin   (correspond au quartier du même nom de l'ancien régime)
    53    District de l'Eglise    de St Merry
    54    District de l'Eglise    du Sépulcre
    55    District de l'Eglise    de St Martin des Champs
    56    District de l'Eglise    des Pères Récollets


            Quartier des Halles  (correspond à plusieurs quartiers de l'ancien régime)
    57    District de l'Eglise    St Jacques la Boucherie       = Les Halles
    58    District de l'Eglise    de St Leu                              = St Eustache
    59    District de l'Eglise    de St Magloire                     = Montmartre
    60    District de l'Eglise    de St Joseph                          = Fg Montmartre

     

    Lien pour le "Plan de la ville de Paris en 1789. : plan exécuté conformément à la décision prise par le Conseil municipal de Paris dans sa séance du 30 décembre 1887..."

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    Les Etats Généraux s'ouvrent en mai 89 au château de Versailles, mais siègent par ordres (Tiers Etat 578, Clergé 291, Noblesse 270). Finalement le 10 juin à l'invitation de Sieyes certains nobles libéraux comme Lafayette et clercs proches du peuple rejoignent le troisième ordre et se proclament Assemblée nationale. Réunie dans la salle du Jeu de Paume de Versailles, cette assemblée se fait constituante le 9 juillet 89 et exerce le pouvoir législatif jusqu'au 3 septembre 1791, avec plus de 160 représentants du Clergé et une cinquantaine de la Noblesse.

     

    La prise de la Bastille

    Depuis juin, la population de Paris craignait les troupes étrangères menaçant l'Assemblée Nationale, la menace de la disette, s'insurgeait contre la hausse insupportable du prix du pain; un contexte insurrectionnel avait déjà conduit aux incendies de la plupart des octrois sur le mur des Fermiers Généraux depuis le 9 juillet. Le 12 juillet le renvoi du ministre des finances Necker déclenche des mouvements de foule, le pillage d'un entrepôt de grain, et à 20 heures, les 300 électeurs du Tiers Etat de Paris réunis à l'Hotel de Ville décident de former un Comité permanent appelé "municipalité insurrectionnelle". Une milice bourgeoise de 48.000 hommes est créée. Le matin du 14 juillet, les émeutiers s'emparent de fusils entreposés aux Invalides. Une délégation de l'assemblée des électeurs de Paris se rend à la Bastille ou se trouve des munitions et de la poudre pour armer la milice bourgeoise. Deux autres délégations n'obtiennent pas satisfaction et finalement les émeutiers font le siège de la forteresse tout l'après-midi. Finalement vers 15H30, un détachement de 60 fusiliers et grenadiers de la Garde Française attaque la forteresse à coup de canon, elle est prise à 17H et la tête de son Gouverneur de Launay est mise au bout d'une pique.

     

    Paris et ses quartiers depuis la Révolution

     La forteresse de La Bastille avant sa destruction

     

     

     

    Par décret du 21 mai 1790, l'Assemblée Constituante supprime les 20 districts de 1789 et créé 48 sections dans le périmètre de l'enceinte des Fermiers Généraux.

    Certaines changeront de nom jusqu'en 1795.

     

    Sections Révovutionnaires 1790 / 1795              Quartiers après 1795 / arrondissements


    1 des Tuileries                                                         Tuileries Ier
    2 des Champs-Elysées                                           Champs-Elysées Ier
    3 du Roule  / de la République                            Roule Ier
    4 de la Place Vendôme                                          Place Vendôme IIe
    5 de la Grange Batelière / Mont-Blanc               Chaussée-d'Antin IIe
    6 du Palais Royal / Butte des Moulins               Palais-Royal IIe
    7 de la Bibliothèque / Lepeletier                         Feydeau IIe
    8 du Faubourg Montmartre                                 Faubourg-Montmartre IIe
    9 du Faubourg Poissonière                                  Faubourg-Poissonière IIIe
    10 des Postes / Contrat Social                             St Eustache IIIe
    11 de la Fontaine Montmorency / Brutus         Montmartre IIIe
    12 de la place Louis XIV / Mail                          Mail IIIe
    13 de l'Oratoire / Gardes Françaises                 St-Honoré IVe
    14 du Louvre / Muséum                                     Louvre IVe
    15 du Marché des Innocents / Marché              Marchés IVe
    16 de la Halle au Blé                                             Banque IVe
    17 de Bonne Nouvelle                                          Bonne-Nouvelle Ve
    18 de Bondy                                                           Porte St-Martin Ve
    19 du Faubourg St Denis / Fbg du Nord          Faubourg St-Denis Ve
    20 de Mauconseil / Bon Conseil                         Montorgueil Ve
    21 du Temple                                                         Temple VIe
    22 des Lombards                                                   Lombards VIe
    23 du Ponceau / Amis de la Patrie                    Porte St-Denis VIe
    24 de Gravilliers                                                    St Martin des Champs VIe
    25 des Arcis                                                           Arcis VIIe
    26 des Enfants Rouges / L'Homme Armé        Mont-de-Piété VIIe
    27 de Beaubourg/ Réunion                                 Ste Avoye VIIe
    28 du Roi de Sicile / Droits de l'Homme          Marché-St-Jean VIIe
    29 des Quinze-Vingts                                           Quinze-Vingts VIIIe
    30 de la rue de Montreuil / Montreuil              Faubourg St-Antoine VIIIe
    31 de Popincourt                                                   Popincourt VIIIe
    32 de la Place Royale / Indivisibilité                 Marais VIIIe
    33 de Notre Dame / Cité                                     Cité IXe
    34 de l'Ile St Louis / Fraternité                           Cité IXe
    35 de l'Arsenal                                                      Arsenal IXe
    36 de l'Hotel de Ville / Fidélité                          Hotel de Ville IXe
    37 des Invalides                                                    Invalides Xe
    38 de Croix-Rouge / de l'Ouest                         St Thomas d'Aquin Xe
    39 des Quatre-Nations / Unité                          Monnaie Xe
    40 de la Fontaine de Grenelle                             Fg St Germain Xe
    41 du Luxembourg                                              Luxembourg XIe
    42 de Henri IV / Pont Neuf                               Palais de Justice XIe
    43 du Théatre Français                                        Ecole de Médecine XIe
    44 des Thermes de Julien                                    Sorbonne XIe
    45 du Jardin des Plantes                                      Jardin-du-Roi XIIe
    46 de Ste Geneviève / Panthéon français         St Jacques XIIe
    47 de l'Observatoire                                             Observatoire XIIe
    48 des Gobelins / Finistère                                 Saint Marcel XIIe

     

     

    Notes et sources:

    Les sections de Paris pendant la Révolution française (21 mai 1790-19 vendémiaire an IV) : organisation, fonctionnement / par Ernest Mellié - Paris- 1898 (BNF)


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  • Quand la ville gallo-romaine de Lutèce s'établit sur l'île de la Cité à l'aube du Ier siècle de notre ère, elle fait de la Seine la source de sa protection et de sa richesse. La Seine est sa première route et il a fallu la maitriser et contrôler son franchissement.

    Comme  toutes les villes fondées par Rome, Lutèce a grandi autour d'un axe principal, le cardo maximus romain, la voie principale de la ville, actuellement la rue de la Cité, l'axe nord-sud qui reliait d'abord l'Ile de la Cité aux deux rives du fleuves.
    Vers la rive gauche au sud, par le "Petit-Pont" au dessus du bras de Seine le moins large, qui se prolonge par la rue Saint-Jacques qui monte vers la colline Sainte-Geneviève puis menait à la cité de Cenabum (Orléans).
    Vers la rive droite au nord, le cardo maximus franchit la Seine par le "Grand Pont"  (Pont Notre-Dame) et se prolonge par la rue Saint Martin, puis mène à la cité de Durocortorum (Reims).

    La cité gallo-romaine se développe d'abord en rive gauche selon un plan orthogonal autour d'un forum situé à la croisée du cardo et du decumanus que l'on peut situer actuellement au niveau de la rue Soufflot. On y trouve trois établissements thermaux, un théâtre, un amphithéâtre (les arènes).

    Les différents quartiers et l'extension de la ville de Paris

    Plan de Lutèce gallo-romaine (M. Huard, Atlas historique de Paris)



    Au IVème siècle, l'empereur Julien établit son Palais dans l'Ile de la Cité, qu'il fortifie, la rive gauche est peu à peu abandonnée(1).

    Durant les invasions venues de l'est, la ville se restreint à l'ile de la Cité qui n'est pas prise par les Huns grâce à l'intervention de Ste-Geneviève.


    A l'époque mérovingienne, Clovis fait de Paris sa capitale en 508. Deux grandes abbayes richement dotées en terres, St-Germain-des-prés et Ste-Geneviève, sont fondées par Clovis et ses successeurs. De nombreuses églises sont édifiées durant les VIème et VIIème siècles, dans la Cité, en rive droite (St Germain l'Auxerrois, St-Merri, St-Paul-des-Champs, St-Gervais..) et en rive gauche au milieu des vignes et des cultures le long de voies romaines.

    A partir de 751, les Carolingiens délaisseront Paris comme capitale au profit d'Aix-la-Chapelle, le pouvoir y sera exercé par l'Evêque et le Comte de Paris.

    Au VIIIème siècle des enclos de cultures se forment sur la rive gauche, signe d'une certaine désurbanisation : clos de Garlande, clos Bruneau, clos du Chardonnet, clos de Laas, clos des Jacobins, clos aux Bourgeois...

    La ville active, artisanale et commerçante, se réduit à l'île de la Cité, protégée par le rempart du Bas-Empire et à deux faubourgs sur la rive droite, autour de Saint-Germain-l'Auxerrois et entre Saint-Merri et Saint-Gervais où les constructions s'étendent en particulier autour de la place de Grève, à  la fois port et marché.

    Le IXe siècle est marqué par une série d'attaques successives d'envahisseurs normands qui pillent les faubourgs sur les deux rives et incendient églises et abbayes. A la fin du siècle, des enceintes sont édifiées sur la rive droite pour protéger les paroisses de Saint-Gervais et de Saint-Germain-l'Auxerrois.   

    Au Xème siècle, une fois les Normands fixés en Normandie (911, traité de St. Clair-sur-Epte) et surtout après l’installation des Capétiens (Hugues Capet 987-996), la ville connait un nouveau développement : deux bourgs se développent autour des églises Saint-Gervais et Saint-Germain-l’Auxerrois. Ces petites agglomérations qui vivent du trafic fluvial et du commerce ont sans doute très tôt été protégées par des enceintes faites d’un talus portant une palissade en bois et, extérieurement, d’un fossé.

    C'est le roi Carolingien Lothaire qui vers l'an 954 divisa le Paris médiéval en 4 parties: le quartier de la Cité, et trois quartiers en rive droite, de Sainte-Opportune, de la Verrerie, de la Grève.

    La Cité se couvre d’églises dans un dédale de petites ruelles, les grandes abbayes périphériques sont reconstruites (Saint-Germain-des-Près, Saint-Martin-des-Champs), Saint-Germain-des-Près et Sainte-Geneviève deviennent des centres d’enseignement et de culture qui commencent à faire la réputation de Paris.


    Au XIème siècle, la ville est devenue la capitale des Capétiens, et s’étend en rive droite autour de la place de Grève, vers le nord (autour de l’église Saint-Merri) et vers la rue Saint-Denis et le débouché du Grand Pont où se concentrent les activités artisanales et commerciales. Une nouvelle enceinte devient nécessaire.

    Les différents quartiers et l'extension de la ville de Paris

    Plan de Paris du Xe et XIe siècles (M Huard, Atlas historique de Paris)

     

    En 1137, en remplacement du marché de la place de Grève, un marché neuf est créé aux Champeaux, l'origine des Halles.

    Une communauté juive est installée au centre de la Cité, rue de la Juiverie (1) à côté de la synagogue et de la halle au blé.

    Une bourgeoisie urbaine apparaît comme force politique à côté du roi, de l’évêque, des abbés et, à un moindre degré, des seigneurs féodaux. La corporation des « marchands de l’eau » obtient du roi le contrôle du trafic fluvial et des ports.


    L'enceinte du siècle précédent qui reliait les bourgs de Saint-Germain-l'Auxerrois et de Saint-Gervais est débordée par l'extension de la ville. Sur la rive gauche, dans les clos Bruneau et Garlande, la vigne est arrachée pour y construire des maisons ; vers Saint-Germain-des Prés, la ville s’étend entre la rue de la Harpe et la rue Hautefeuille sur le clos de Laas. L’abbaye de Saint-Victor entraîne le développement d’un bourg et la construction d’une chapelle et d’une paroisse, Saint-Nicolas-du Chardonnet.


    Les grandes abbayes (Saint-Germain-des-Prés, Sainte-Geneviève, Saint-Martin-des-Champs puis Saint-Victor) deviennent des centres économiques et intellectuels importants et génèrent la création de bourgs qui nécessitent de construire des églises pour leurs habitants (Saint-Sulpice, Saint-Etienne-du-Mont, Saint-Nicolas-des- Champs).

    C'est en 1160 que Maurice de Sully, Evêque de Paris, décide de la reconstruction de Notre-Dame.

    Au XIIe et XIIIe siècle, sous les règnes de Philippe Auguste (1180-1223), Saint Louis (1226-1270), Philippe III (1270-1285) et Philippe-IV-le-Bel (1285-1314), tout au long du «Beau Moyen Age», Paris connait un développement très important. Sa population quadruple.


    A partir de 1190, une enceinte est construite par Philippe Auguste avant sont départ pour les Croisades, afin de protéger la ville en  expansion des attaques Anglo-Normandes, en particulier sur la rive droite autour des Halles que le roi a réorganisés.

     

     Les différents quartiers et l'extension de la ville de Paris

     Plan de Paris et enceinte de Philippe Auguste (M Huard, Atlas historique de Paris)

     

    Le mur d’enceinte faisait 8 à 10 m de hauteur, était flanqué de tours cylindriques tous les 60 mètres en moyenne, les portes au débouché des grands axes de circulation étaient protégées par deux tours de 18 m de haut.

    A l’ouest, le donjon du Louvre, 18 m de diamètre à la base, 30 m de haut, entouré d’un fossé sec et d’une enceinte carrée fait face à la menace anglo-normande.

    L’université se développe sur la rive gauche et accueille des étudiants venus de toute l’Europe  faisant de Paris le grand centre intellectuel de l’occident médiéval.


    Les grands monastères des Chartreux, des Carmes, Grands Augustins, sont créés en périphérie de la ville, et le Temple se développe sur une vaste emprise au nord de Paris. Saint Louis crée l'hôpital des Quinze-Vingts.

    Les hôtels de la noblesse, des évêques et des grandes abbayes provinciales se situent, sur les deux rives, à proximité du Louvre et de l’abbaye de Saint-Germain-des-Près .

    A l'intérieur des murailles quatre nouveaux quartiers s'ajoutent aux quatre premiers des Carolingiens, avec de large étendues de vignes, de marais (2), de terres labourables.

    1. Q de la Cité
    2. Q Ste-Opportune
    3. Q de la Verrerie
    4. Q de la Grève
    5. Q St-Jacques de la Boucherie
    6. Q St-Germain l'Auxerrois
    7. Q St-André-des-Arcs  (rive gauche à l'ouest du "Cardo)
    8. Q de la place Maubert (rive gauche à l'est du "Cardo"))


    Un siècle plus tard, sous Philippe-le-Bel (1285-1314) la ville déborde largement de l’enceinte de Philippe Auguste, en particulier vers le nord; des lotissements ont été créés sur les terres des Templiers (autour de la rue Vieille-du-Temple) et de Saint-Martin-des-Champs (entre la rue Saint-Martin et la rue Beaubourg) ou, sur la rive gauche, vers Saint-Victor.

    Au XIVème siècle, vers 1330, la ville atteindra un maximum de population (240 000 habitants), peu avant le début de la guerre de Cent Ans (1337).

    L'épidémie de Peste Noire (1348-1350) entrainera la disparition d'un tiers de la population.

    Après la révolte des parisiens menées par le prévôt des marchands Etienne Marcel (1358), le roi Charles V rétablit l'autorité royale et fait construire une nouvelle enceinte en rive droite englobant les nouvelles constructions et huit nouveaux quartiers:

    1. Q. St-Honoré à l'ouest,
    2. Q. St-Eustache
    3. Q. des Halles
    4. Q. St-Denis
    5. Q. St-Martin
    6. Q. St-Avoye
    7. Q. St-Antoine
    8. Q. St-Gervais

     

    Les différents quartiers et l'extension de la ville de Paris

    Plan des quartiers de Paris et de l'enceinte de Charles V, fin du XIVe s. (M. Huard, Atlas historique de Paris)

     

    L'enceinte de Charles V est large de 80 à 90 mètres,  il s'agit d'un large fossé en eau et d'une importante levée de terre fortifiée d'un rempart de 4 mètres renforcé de tours. En rive gauche, l'enceinte de Philippe-le-Bel est conservée et renforcée.

    La nouvelle enceinte nord ne comporte que six portes fortifiées:

    1. A l'est la porte St-Antoine est protégée par le  Chastel St-Antoine (la Bastille).
    2. La porte du Temple
    3. La porte St-Martin
    4. La porte St-Denis
    5. La porte Montmartre
    6. La porte St-Honoré à l'ouest, devant les "Quinze-Vingt"

     

    Les différents quartiers et l'extension de la ville de Paris

    Porte St-Antoine et La Bastille sur le plan de Truschet et Hoyau (1550)

     Télécharger Plan de Paris de Truschet et Hoyau 1550

           Charles V  acquiert tous les terrains entre les rues Saint-Paul, Saint-Antoine, du petit Musc et la Seine, ce qui deviendra ensuite "le Marais". Il y fait construire une résidence royale d'agrément, l’hôtel Saint-Pol, proche toutefois de la Bastille et bientôt suivi par plusieurs hôtels aristocratiques : hôtels d’Orléans, d'Albret, des Tournelles, de Clisson...

    Le Paris du XVème siècle est quasiment sans changement, si ce n'est que la ville est occupée par les Anglais de 1420 à 1436. Dès le retour de la paix en 1475, le développement économique et démographique  se poursuit jusqu’aux guerres de Religion.


    L'augmentation de la population se traduit par la construction ou l’agrandissement des églises paroissiales : Saint-Eustache, Saint-Etienne-du-Mont, Saint-Gervais, Saint-Merri, Saint-Germain-l'Auxerrois.


    Au XVIème siècle, en 1528, François Ier fixe sa résidence principale à Paris et s’installe au Louvre dont il fait raser le donjon. La reconstruction du palais du Louvre en style Renaissance par Pierre Lescot ne sera engagée qu’à la fin de son règne et poursuivie par Henri IV.
    L’installation du roi au Louvre entraîne la densification du quartier du Louvre et la construction d’hôtels aristocratiques, ainsi que celle du palais des Tuileries pour Catherine de Médicis à partir de 1564. En 1543, François Ier avait fait lotir l'ancien Hotel St-Pol.


    Du milieu du XVIe siècle à 1635 est construite une nouvelle enceinte bastionnée dite des «fossés jaunes», à cause semble-t-il de la couleur des terres à remuer. Partant de la future place de la Concorde et rejoignant l’enceinte de Charles V porte Saint-Denis, elle protège les Tuileries et les extensions de Paris vers l’ouest. Au nord et à l’est des bastions viennent renforcer le mur de Charles V.

    Le XVIIème siècle.

    En 1594, Henri IV entre dans une ville qui présente encore un aspect très largement médiéval de ville close, aux ponts couverts de maisons, sans espaces publics majeurs ordonnancés selon les principes de la Renaissance dont l’architecture ne concerne encore que quelques bâtiments publics ou privés.

    La croissance de la ville sera particulièrement forte de 1600 à 1682 (l’installation de la Cour à Versailles) grâce aux courtisans et d'une certaine prospérité qui attire les provinciaux.

    Dès son arrivée au pouvoir,  Henri IV multiplie les initiatives: un édit oblige les propriétaires de terrains libres à construire, décision de construire la place Royale (place des Vosges) en 1605, de la place et rue Dauphine en 1609, construction de la grande galerie du Louvre le reliant aux Tuileries.

    Après la période de la Régence de sa mère Marie de Médicis (1610-1617), le jeune Louis XIII  poursuit la modernisation de Paris:

    • L'ile Notre-Dame (l'ile St-Louis) est lotie,
    • Richelieu fait construire le Palais Cardinal (le Palais Royal) de 1625 à 1639, avec un très vaste jardin qu’il entoure d’immeubles de rapport desservis par les rues de Richelieu, des Petits-Champs et des Bons-Enfants. 
    • le quartier Richelieu est loti, entre les anciens remparts et les fossés jaunes.
    • lotissement du pré aux clercs (futur faubourg St-Germain)
    • lotissement dans le Marais du Temple

               

    Les différents quartiers et l'extension de la ville de Paris

    Plan de Paris rive droite entre 1600 et 1700 (M. Huard, Atlas historique de Paris)

                                      
    Mais le Paris de Louis XIII était toujours inscrit dans le périmètre des actuels Grands Boulevards: à l'ouest, Paris commençait au Jardin des Tuileries, les remparts suivaient l'actuelle rue Royale, puis les boulevards des Italiens, Poissonnière, Bonne-Nouvelle, St-Martin, puis le boulevard du Temple vers la Bastille jusqu'à la Seine vers le pont d'Austerlitz. En rive gauche, les remparts englobaient et longeaient le Jardin des Plantes, alors Jardins du Roi, puis les boulevards St-Marcel, de Port-Royal, de Montparnasse et des Invalides.

    A la suite de la Fronde (1652), les fortifications sont détruites au début du règne de Louis XIV, puis lorsqu'il est déjà installé à Versailles en 1702 et parce que la population de Paris s'est accrue, celui-ci délimite 20 nouveaux quartiers à l'intérieur de ce même périmètre auxquels sont annexés 14 faubourgs périphériques et deux villages (le Roule et Chaillot).

    1. Cité
    2. St-Jacques de la Boucherie
    3. Ste-Opportune
    4. Louvre / St-Germain l'Auxerrois
    5. Palais-Royal                                              et le Faubourg St-Honoré
    6. Montmartre                                              et les Faubourgs Richelieu et Montmartre
    7. St-Eustache
    8. Halles
    9. St-Denis                                                     et les Faubourgs St-Denis et St-Lazare
    10. St-Martin                                                   et les Faubourgs St-Martin et St-Laurent
    11. La Grève
    12. St Paul
    13. St Avoye / La Verrerie
    14. Temple /Marais                                       et le Faubourg du Temple
    15. St-Antoine                                                et le Faubourg St-Antoine
    16. Place Maubert                                          et les Faubourgs St-Victor et St-Marcel
    17. St-Benoit                                                   et le Faubourg St-Jacques
    18. St-André des Arts                                   
    19. Luxembourg                                             et le Faubourg St-Michel
    20. St-Germain des prés                               et le Faubourg St-Germain

     

    Ce découpage en 20 quartiers et 14 faubourgs sera conservé pendant près d'un siècle jusqu'à la Révolution(3).

     

     Les différents quartiers et l'extension de la ville de Paris

    Les quartiers de Paris du début du XVIIIe, d'après le plan de La Caille de 1714. (carte de Michel Huard)

     

    Pour télécharger le Plan général des 20 quartiers de la ville de Paris (Jean-Baptiste Scotin) 1742:

    Télécharger « Plan général des 20 quartiers de la ville et faubourgs de Paris par Jean-Baptiste Scotin"

     
    Cependant, de 1784 à 1790, un mur dit "des Fermiers Généraux" de 3 mètres de haut fut construit en périphérie des Faubourgs afin de percevoir des taxes, des octrois sur les marchandises entrant dans Paris. Le mur était doublé à l'extérieur d'un boulevard de 30m de large qui correspond maintenant à la seconde ceinture de boulevards qui va de l'Etoile à Nation par Denfert, place d'Italie, Montparnasse, Pigalle, Belleville, à peu près le parcours des lignes de métro n°2 et 6.
    Ce mur des Fermiers Généraux fut finalement détruit en 1860.

     

    Les différents quartiers et l'extension de la ville de Paris

    Plan de Paris de 1780, mur des Fermiers-Généraux" (A.M. Perrot)

     

     

     

     Sources et notes:

    (1) Busson Didier, Paris ville antique, Ed du patrimoine, Paris 2001

    (2) Dany Sandron, Philippe Lorentz et Jacques Lebar photographe, Atlas de Paris au Moyen Âge. Parigramme, 2006.

    (3) Lacaille, Atlas des vingt quartiers de Paris, 1714

     

     


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  • Nos ancêtres les plus anciens ayant habité Paris avant même la Révolution ont été Marie Angélique COLLARD, Charles POIRIER et Joseph Agricol GUIGUE:  Voici l'histoire de leurs familles.


    Un certain Jean POIRIER, (honnête homme, fils de Etienne et de Denise GERMENE) est né sans doute vers 1640 à Chartres, sous le règne de Louis XIII.
    Il épouse à Chartres en novembre 1665 (sous le règne de Louis XIV) Marie RAULT, la fille de Jacques et Suzanne JODEAU.

    Un de leur quatre fils, Martin POIRIER né après 1668, est jardinier à Chartres, et épouse le 6 novembre 1690 la jeune Marie MOUTON de la paroisse de St Aignan de Chartres (elle est la fille de Jean et de Simone GAUTIER).

    Il semble qu'ils s'établissent à St-Prest un village au nord-est de Chartres au bord de l'Eure, où naissent leurs six enfants (Martin, Jacques, François, Jean, Germain et Catherine)

     

     

    Martin Poirier et Marie Jeanne Lambert

    L'ainé Martin POIRIER(2) sans doute né vers 1691, épouse en 1723 Marie GOUGIS âgée de 26 ans, mais elle décède trois ans plus tard après la naissance d'un fils Martin.

    Martin POIRIER (deuxième du nom) se remarie en janvier 1727 dans le village voisin de Gâville au bord de la route de Paris, avec Marie Jeanne LAMBERT qui en est originaire.

    Après 8 ans de Régence, Louis XV est alors Roi depuis 1723.

    Martin lui est Jardinier de Mr de St-Prest dont le château est situé au bord de l'Eure entre les deux villages.
    Huit ans plus tard, le couple donne naissance à Marie-Jeanne en mars 1735, puis vers 1737 à Charles Poirier tous deux baptisés à Chartres.

    Les plus anciens parisiens



    Quelques années plus tard avant 1742, Martin et Marie-Jeanne POIRIER quittent St Prest et s'établissent comme hôteliers au Perray (en-Yvelines) à 50 km de là, à l'auberge de la Belle Image sur la route de Rambouillet à Versailles. Un des ses frères Germain Poirier tient également une auberge à Chartres.

    Il y ont encore trois enfants: Marie en 1742, François en 1744 et Jean Brice avant 1751. Puis il est ensuite Hôtelier de St-Charles vers 1759.

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    Charles Poirier et Marie Angélique Collard


    Leur premier fils, Charles POIRIER, né vers 1737 et baptisé à Chartres (paroisse de St André), est d'abord Tapissier:
    Son métier l'a sans doute amené un peu plus loin à Versailles, car il y rencontre et épouse la très jeune Marie Angélique COLLARD en l'église Notre-Dame de Versailles le 2 mars 1759. (C'est l'église située rue de la Paroisse qui mène au château,  bâtie en 1686 sur demande de Louis XIV).

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     Église Notre-Dame de Versailles

     

    Marie-Angélique est la fille de Nicolas COLLARD qui est domestique à Versailles, "frotteur" (de parquet) chez le Roi en 1757, et de Marie-Barbe Ferrier qui est décédée. Elle est née après 1739 sans doute à Versailles, et son père veuf s'est remarié en février 1753 avec Marie Catherine Laurent qui était également domestique.
    Son père sera ensuite frotteur des appartements du roi aux Tuileries et il décèdera en 1783 dans la Paroisse de St Germain l'Auxerrois.

    Nicolas COLLARD (25 ans) et Marie Barbe FERRIER (19 ans) s'étaient mariés le 14 janvier 1739 en l'Eglise St Louis de Versailles. Les parents de Nicolas étaient Claude COLARD et Marie MASSON de Versailles. Ceux de Marie Barbe étaient Simon FERRIER et Marie Barbe GOULARD, tous deux domestiques rue du Bourdonnais à Versailles.


    Le jeune couple s'installent à Versailles non loin du château occupé par la cour de Louis XV, et ont une fille Marie Angélique, le 3 Mai 1760, qui est baptisée en l'église St Louis de Versailles située en face du Potager du Roi.
     

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    Église St-Louis de Versailles

     

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    Il semble que le couple a quitté Versailles pour le centre de Paris, car deux ans plus tard Marie-Angélique met au monde un garçon à Paris, Charles Albert, qui est baptisé le 5 Avril 1762 en l'église St Eustache; Elle habite alors rue  Croix-des-Petits-Champs près du Palais-Royal, une rue qui va de la place des Victoires à la rue St Honoré.

    Les plus anciens parisiens

    Plan des quartiers du centre de Paris vers 1760

    Malheureusement Charles a abandonné sa famille en mars 1762:  "le dit POIRIER ayant manqué de conduite et d'ordre dans ses affaires avait abandonné la dite Marie Angélique COLLARD, sa femme, au mois de mars 1762 (...) il s'était engagé soldat de la Compagnie des Indes et était passé à l'Ile Bourbon" .

    En conséquence il est n'est pas présent à Paris en avril 62 au baptême de son fils, et il est possible que sa femme ait rejoint Paris après sa fuite pour retrouver son père qui était employé aux Tuileries.

    Des actes notariés postérieurs font état de l'extrême misère dans laquelle s'est retrouvée la jeune femme de 22 ans avec ses deux jeunes enfants à charges, elle quitte le quartier du Palais-Royal pour les faubourgs.

    Juste après la naissance de son fils, durant l'été 1762, elle fait la "connaissance" du Comte de Rochefort qui est alors âgé de 58 ans et l'a sans doute "pris sous son aile".

    Il s'agit de Jacques-Vincent Languet de Robelin, Président au Parlement de Bourgogne à Dijon, il a hérité des titres de Comte de Rochefort, Baron de Saffres et de la charge de son père Guillaume, ainsi que d'une considérable fortune. Il n'a malheureusement eu aucun enfant resté vivant de son mariage avec Dame Odette Rigoley en 1731.

    Leur rapprochement en octobre 62 conduit à la naissance d'un garçon prénommé Alexandre le 11 juillet 1763. Malheureusement la jeune Marie-Angélique décède 16 jours plus tard des suites de ses couches, rue de la Ville-l'Evêque dans le faubourg St Honoré. Ce quartier est alors situé en dehors de la limite de l'ancienne enceinte Louis XIII , une rue bordée de champs et de cultures mais aussi de l'ancienne église de la Madeleine.

    Les plus anciens parisiens

    Plan de la Ville-l'Evêque et du Faubourg St-Honoré en 1775 (extrait du plan Jaillot)

    Les deux jeunes enfants quasi orphelins sont recueillis par leur grand'père Nicolas Collard qui est à Paris aux Tuileries jusqu'en 1783.

    Alexandre, l'enfant adultérin, est adopté par les Dupuis, un couple de Bourgeois de Paris, et des dispositions testamentaires ont été prises par son père le Comte de Rochefort à son décès en janvier 1768.

    Un acte notarié daté de 1766 indique cependant que Charles, alors à Port Louis dans l'Isle de France (l'Ile Maurice), donne procuration à son jeune frère Jean Brice pour s'occuper de ses affaires (mais peut être pas de ses enfants).

    La Compagnie Française des Indes Orientales avait été fondée par Colbert en 1664, et avait entre autre établi des ports à Madagascar, à La Réunion, et en particulier à l'Ile-de-France (Maurice) qui  fut administrée par la Compagnie de 1721 à 1767.

    Charles s'est engagé dans la marine en 62 à la fin du conflit mondial (la guerre de 7 ans) qui  opposait principalement la France à l'Angleterre, et en particulier dans l'océan indien la Compagnie des Indes Orientales et la British East India Compagny. Avec la capitulation des français à Pondichéry en 61 et l'épuisement des belligérants, la paix est signée en février 1763 largement au profit de l'Angleterre. La France perd ses premières colonies au Canada, en Louisiane, aux Caraïbes, aux Indes, au Sénégal.

    Les Iles de France et Bourbon restent possessions françaises et l'ile Maurice repasse sous la tutelle du Roi (ministère de la Marine) avec l'Intendant Pierre Poivre à partir de 67.

    Il semble donc que Charles Poirier s'y soit installé, sans doute comme tapissier, car il y avait le titre de "Bourgeois d'Ile de France". On ne sait quand et où il est décédé.

     


     Marie Angélique Poirier et Joseph Agricol Guigue

    Charles-Albert le fils de Charles le tapissier sera finalement Commis des Finances et épousera Marie-Anne Ravache le 1er Mai 1787 à St Louis en L'Isle, sous le nom de Charles Albert Poirier de Saint Charles (du nom de l'hôtel de son grand'père Martin Poirier!).

    De même, le cadet Jean Brice Poirier de la Marine aura un fils François Julien à Versailles en 1787. A l'âge adulte, ce dernier sera Ingénieur des Mines et Chevalier de la Légion d'Honneur et se fera appeler François Julien Poirier de Saint Brice...

    La jeune Marie-Angélique (POIRIER de St Charles?) qui a grandi sans mère et sans père dans le Paris de Louis XV et Louis XVI, fait la connaissance avant la Révolution d'un nouvel arrivant à Paris, Joseph Agricol GUIGUE.  Il vient d'Avignon, et l'on ne sait pas quelles raisons l'ont amenées à Paris.

    Elle habite rue Aubry-le-Boucher du quartier de St-Jacques-de-la-Boucherie  de l'époque (entre la rue St-Denis et la rue St-Martin, actuellement le prolongement de la rue Berger vers le centre Pompidou), et lui loge rue Coquillière du quartier St-Eustache. Ils se marient le 20 septembre 1787 en l'église St-Eustache, elle a 27 ans et lui 37. 

    Le fait qu'elle habite ce quartier de Paris près des Halles indique qu'elle a probablement grandi à Paris, donc que sa famille adoptive, son grand'père Nicolas Collard, est venu y vivre après 1763.

    Joseph Agricol GUIGUE quant à lui doit avoir une très bonne instruction, car on sait qu'il est nommé Directeur de la Manufacture Royale de doublage de Vaisseaux.


    On sait peu de choses sur les enfants qu'ils ont pu avoir avant la Révolution, seulement qu'ils ont eu un fils Louis Agricola GUIGUE le 23 frimaire de l'an IV (14 décembre 1795) à Paris ancien 3ème arrondissement (quartier St Eustache).

     

    Louis Agricola Guigue et Marie Françoise Vautrin

    On n'en sait pas beaucoup plus sur les circonstances, lieu et date de mariage (sans doute vers 1826) de ce Louis A. GUIGUE avec Marie Françoise VAUTRIN, sinon qu'elle était née le 6 septembre 1806 dans l'ancien 4ème arrondissement, c'est à dire les quartiers de la Halle au Blé, du Marché des Innocents, du Louvre et de St Honoré. (1).

    La famille VAUTRIN / VAUDRIN est originaire de Moselle: Marie Françoise est la fille de François Marie VAUDRIN et de Suzanne JOSTE qui se sont mariés le 15 Thermidor an IV (2 aout 1796) à Sierck-les-bains en Moselle.

    Il semble qu'ils se soient installés au centre de Paris peu de temps après, au 14 rue du cimetière St Nicolas (actuellement rue Chapon dans le 3ème) où François Marie sera négociant en passementerie avec deux autres associés à partir d'aout 1810.

    Plus tard, le couple mariera deux autres enfants en l'église St-Leu-St-Gilles toute proche (quartier des Halles), l'ainée Marie en aout 1818 avec François DODELET, et Jean-François Marie en décembre 1825 avec Marie-Sophie Robert. Il est probable que la cadette Marie Françoise s'y soit également mariée un peu plus tard avant 1829.

     

    Louis GUIGUE était assurément bien instruit et sera employé "aux Poids et Mesures".

    En France, l'uniformisation des mesures était une des revendications des cahiers de doléance de la Révolution. Après une Commission des Poids et Mesures à l'initiative de Condorcet, Lavoisier, Talleyrand propose à l'assemblée nationale de définir le mètre à partir de la mesure de l'arc méridien et d'en déduire les unités de surface, volume, masse etc. Le système métrique est ainsi rendu obligatoire en septembre 1795, mais très contesté et non appliqué par la population dans un premier temps pendant la Restauration.

    Il faudra attendre Louis-Philippe en 1840 qui imposera de nouveau le système métrique mis au point par le Conservatoire des Arts et Métiers. C'est sans doute dans cette institution que travaillera Louis GUIGUE à partir des années 1830. Le Bureau International des Poids et Mesures ne sera créé qu'en 1875 après son décès en 1865.

     

    Louis et Marie-Françoise ont d'abord eu un fils Joseph François Paul GUIGUE le 14 juillet 1829, puis une fille Suzanne Caroline GUIGUE le 24 novembre 1832.

    Les deux enfants sont nés dans l'ancien 7ème arrondissement où habitaient leurs parents, sans doute non loin des Arts et Métiers (actuellement rue Réaumur dans le 3e qui était autrefois le 7ème).

     

    Suzanne Guigue et Stanislas Brou

    Suzanne s'est mariée la première à 22 ans le 30 octobre 1854, avec Stanislas Clovis BROU qui en avait 34. Le mariage a eu lieu dans l'ancien 9ème arrondissement (Ile de la Cité, Ile St Louis, Hotel de Ville ou quartier de l'Arsenal). Ses parents y avaient déménagés, peut être à cause des travaux de démolition et de modernisation lancés par le Baron Haussmann dès 1853. En particulier le percement de la nouvelle rue Réaumur qui a entrainé la disparition de plusieurs petites rues dans l'ancien 7ème.

    Son frère Joseph Paul épouse plus tard en avril 1860 Estelle Chartier qui vient de l'Yonne.

    Leur père Louis GUIGUE décède le 29 décembre 1865 au n°4 de la rue Maitre Albert dans le quartier St Victor dans l'actuel 5e arrondissement près de la place Maubert. Leur mère, rentière, vivra jusqu'à plus de 80 ans, elle s'éteint le 13 janvier 1890 à son domicile rue de la Tour dans le 16ème.

    Suzanne GUIGUE et Stanislas BROU vivent à Choisy-le-Roi au 45 rue St Louis près de la gare. Ils y ont un premier fils Jules René le 6 janvier 1856. Puis Paul Albert BROU le 27 janvier 1858 alors qu'ils habitent à la gare de Choisy.

    Le couple semble avoir déménagé à Paris un peu plus tard, puisque en 1865 au décès de son beau-père, Stanislas est alors Économe(2) au Grand Hôtel et habite 12 boulevard des Capucines dans le 9ème.

    C'est l'époque des grand travaux Haussmanniens qui transforment Paris à l’initiative de Napoléon III. En particulier le quartier de l’Opéra est en pleine construction : l’avenue de l’Opéra, le boulevard des Capucines, la rue Auber et la rue Scribe ont été percés dans le bâti architectural. L’opéra de Paris (le Palais Garnier) doit devenir l’épicentre de ce nouveau quartier : sa construction démarre en 1862, mais les travaux ne s’achèveront qu’en 1875, sous la Troisième République.

    En prévision de l’Exposition universelle de 1867, deux hommes d'affaires, les frères Pereire, décident de doter Paris d’un vaste hôtel de luxe. En 1853 ils font l’acquisition de terrains au Nord du boulevard des Capucines.
    Le Grand hôtel est bâti en un temps record : les travaux débutent en 1861 et l’hôtel est inauguré en 1862 par l’impératrice Eugénie. Il occupe l’intégralité de l’îlot délimité par le boulevard des Capucines, la rue Scribe, la rue Auber et la place de l’Opéra. Stanislas et Suzanne BROU ont sans doute saisi cette opportunité pour venir vivre à Paris et travailler dans cet hôtel de luxe.

    Ainsi leur deux enfants Jules et Paul Albert ont donc grandi dans le centre de Paris d'Haussmann.

    Stanislas, l'ancien chef de gare et employé du grand hôtel, est décédé le 19 novembre 1882, rue du Théâtre dans le 15ème ( près du quai de Grenelle). Sa femme Suzanne vivra jusqu'au nouveau siècle, le 23 Juin 1903 dans le même quartier, cité Thuré.

    Entre temps, Paris et ses habitants auront connu le siège de Paris de 1870, la capitulation et le défilé des Prussiens sous l'arc de Triomphe en mars 71, puis les évènements de la commune de Paris.

     

    Paul Albert Brou et Noémie Leroux

    Au moment de son mariage en septembre 1887, Paul Albert est "employé", domicilié avec sa mère Suzanne (son père est mort 5 ans auparavant) au n°2 rue Lakanal dans le 9e arrondissement.

    Il épouse à 29 ans Marie-Noémie LEROUX, modiste de 32 ans, originaire de Lorient, qui habite alors rue de Maubeuge dans le 10e. Les parents Charles Leroux et Elisa Leroy vivaient à Neuilly sur Seine, rue de Longchamps depuis 1880 et le mariage de leur autre fille. (3).

    Quatre ans plus tard, ils sont installés 199 rue de Vaugirard dans le 15e pour la naissance de leur unique fils Roger Agricole Brou, le 21 novembre 1891. Plus tard, Paul "employé de magasin" et Marie, modiste, habiteront 132 rue du Château dans le 14ème, entre l'avenue du Maine et la place de Catalogne (4).

     

    Roger Brou et Berthe Séchaud

    A l'âge de vingt ans, Roger Brou est joaillier et habite alors 199 rue de Vaugirard (15e) avec sa mère veuve (5). Son père est mort l'année précédente.

    Il a rencontré la toute jeune Berthe Séchaud (18 ans) avec laquelle il se marie en décembre 1911 dans le 14e.
    Il avait 23 ans au déclenchement de la Grande Guerre et a certainement été mobilisé, bien qu'il ait eu déjà deux filles: Geneviève est née à Londres le 28 février 1913 lors d'une de ses tournées de music-hall avec sa femme; et leur seconde fille Renée est sans doute née un peu plus tard.
    En effet à cette époque, Berthe et Roger sont artistes de music-hall, elle est chanteuse et lui est transformiste, ils font ainsi des tournées à l'étranger.

    Mais Berthe et Roger se séparent assez rapidement en octobre 1920, elle épouse le 11 juin 1921 dans le 14ème un certain Guilleminot avec lequel elle aura plusieurs autres enfants: Jacqueline, Jeannine, Lucien et Georges. Berthe décèdera jeune à 37 ans le 18 octobre 1930 dans le 14ème.
    Roger se remarie également le 16 Juillet 1921 dans le 14ème avec Augustine Lagrantanne. Ils vivront jusqu'après la guerre rue Louis Blanc dans le 10ème.
    Sa mère Marie-Noémie décèdera le 23 mars 1928 chez elle 3 rue Pauly dans le 14e.(6)

    Il semble que Geneviève et sa soeur Renée ont été élevée par leur père Roger et leur belle-mère Augustine. Geneviève avait 17 ans au décès de sa mère. Elle a appris le métier de la coiffure, et sa soeur Renée a pu faire des études de médecine (7).

     

     Notes et Sources:

    (1) Il n'y a aucune trace de leur mariage dans les actes d'état-civil reconstitués. On y trouve cependant les naissances d'un Jean-Charles Guigue en 1826, et Charles Eugène en février 1827 qui pourraient avoir été les frères de Joseph Paul  et Suzanne Caroline.

    (2) L'économe est celui qui assure l'approvisionnement et vérifie l'état des stocks dans un hôtel.

    (3) Il s'agit d'un petit immeuble en briques claires, de 5 étages. Paul y décèdera le 20 novembre 1910 à 52 ans.

    (4) Marie-Noémie avait une soeur Henriette (1858-1936) qui s'est mariée à Jacques Guimbal en 1880.

    (5) au niveau du métro Pasteur, un bel immeuble Haussmannien en pierre.

    (6) une petite rue donnant rue Raymond Losserand près de l’hôpital St Joseph.

    (7) Elle fut radiologue à Paris et est restée célibataire.


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  • Les cellules somatiques (du corps) contiennent en leur noyau une information génétique sous la forme de longues molécules d'ADN condensées en chromosomes groupés par paires.


    Au moment de la formation des cellules reproductrices, ovules et spermatozoïdes, une division cellulaire s'effectue à partir d'une cellule dite germinale, au cours de laquelle les chromosomes vont se disposer de manière aléatoire vers deux pôles de cette cellule qui va se scinder en deux cellules filles. Chaque cellule fille, future cellule reproductrice, contiendra donc un seul exemplaire de chaque paire de chromosome, donc un seul allèle de chaque gène, cette différentiation est appelée  brassage inter-chromosomique.
     

    Il peut également se produire un échange réciproque de fragments de chromosome entre deux chromosomes homologues d'une paire, par enjambement, et cela avant leur séparation en deux lots ce qui rajoute un second brassage de gènes dit intra-chromosomique.

    Ce mécanisme forme des chromosomes hybrides qui mélangent des séquences de plusieurs ancêtres masculins et féminins qu'il est difficile de séparer et d'interpréter.
    Certains segments de chromosome restent toujours stables et quasi-identiques au fils des générations n'étant jamais affectés par des enjambements. De ce fait ils sont présents de manière inchangée chez de nombreux individus, et constituent ce que l'on nomme des haplogroupes et des haplotypes.
     

    Deux catégories d'haplogroupes sont couramment étudiées:
    Les haplotypes de l'ADN des mitochondries (mt-ADN)

    et ceux de l'ADN du chromosome Y des hommes (Y-ADN).

    En effet ces deux types d'ADN sont hérités sans transformation des mères par leurs enfants pour d'ADN mitochondrial, et des pères par leurs fils pour l'ADN du chromosome Y.


    L'ADN mitochondrial (ADN-mt)


    Chaque cellule renferme environ 2000 mitochondries qui produisent l'énergie cellulaire sous forme d'ATP. Chaque mitochondrie contient les mêmes copies de 2 à 4 molécules d'ADN de forme circulaire d'environ 16.000 paires de bases.

    Ces ADN leur sont propres et sont les copies  des ADN des mitochondries contenues par les seuls ovocytes et ovules, les quelques mitochondries du spermatozoïde ne sont pas transmises au moment de la fécondation. Ainsi chaque individu hérite toujours des mitochondries et de l'ADN mitochondrial de sa mère qui se transmet tout au long d'une lignée dite maternelle.


    Parmi les 16.000 paires de bases de l'ADN mitochondrial, une petite région de 569 bases appelée la "boucle D" est non codante et n'a pas de rôle spécifique. Cette très petite zone  particulièrement analysée par les généticiens, comporte deux régions dites "hypervariables" HVR1 et HVR2, où apparaissent de nombreuses mutations sous la forme de simples substitutions de bases (C pour T ou l'inverse). Ces mutations sont sans conséquences sur la production de protéines, mais permettent de comparer et différencier des lignées séparées (haplotypes maternels) en fonction de la position de la mutation et de la nature de celle-ci. 
     

    Ainsi par exemple, l'haplogroupe V de l'ADN mitochondrial correspond à une mutation d'une seule base, le remplacement d'une Cytosine (C) par une Thymine (T) à l'emplacement 16298.
     

    Ces petites mutations d'une seule base sont appelées marqueurs SNP(1)  , ils échappent aux remaniements des chromosomes parentaux, une fois apparus ils se transmettent de générations en générations et caractérisent des groupes de personnes, véritables clans génétiques  dont on peut plus ou moins dater et localiser l'apparition.

    Un ou plusieurs marqueurs SNP définissent un Haplogroupe.


    Depuis les premières recherche de 1987(2)  sur les mutations des chromosomes mitochondriaux humains et donc des différents haplotypes, il a été possible de définir " l'ancêtre commune la plus récente des lignées féminines humaines"   (Most Recent Commune Ancestor: MRCA ).

    Il s'agit de la femme qui portait l'ADN mitochondrial  dont sont issus tous les ADN mitochondriaux de tous les humains actuels et qui s'est ensuite diversifié par les différents mutations relevées actuellement.  Cette femme n'était pas la seule à son époque, mais c'est la seule à avoir eu une descendance continue de filles jusqu'à présent, toutes les autres lignées ont été interrompues par l'absence de filles ou d'enfants.

    A partir des taux de mutation en fonction du temps, on peut estimer que cette ancêtre (mtMRCA) vivait en Afrique il y a 150 à 170.000 ans, elle avait la peau noire et était sans doute une pygmée.


    L'ADN du chromosome Y.


    Ce chromosome est uniquement porté par les hommes, avec un chromosome X (les femmes ont deux chromosomes X).
    Le chromosome Y est le plus petit des chromosomes, environ 58 millions de bases, trois fois moins que le X. La région déterminant le sexe, région SRY, représentant 90% du chromosome, ne se recombine jamais avec le X et se transmet donc en bloc sans modifications de générations en générations mais uniquement de père en fils.

    Il se produit toutefois deux types de mutation sur ces portions: 

    1. Des mutations de type SNP par simple substitution d'une seule base, au nombre de plus de 30.000, ce qui permet de définir un grand nombre d'haplogroupes.
    2. Des mutations par des répétitions (10 à plusieurs milliers de fois) d'une séquence courte de quelques paires de bases, appelées STR(3) .  Ces STR sont caractérisés par un chiffre de localisation sur le chromosome et un second pour le nombre de répétition. (ex: DYS390:25) (DYS ).


     Les mutations STR sont utilisées pour définir  des haplotypes Y.


    De la même manière que pour la mt-MRCA, il a été montré que les haplotypes et haplogroupes du Y dérivent également d'une souche ancestrale africaine commune. Cet "ancêtre commun le plus récent du chromosome Y" (Y-MRCA) dont sont issus tous les hommes actuels est daté de -142.000 ans , mais ces évaluations temporelles sont fortement fonction des estimations des taux de mutations sur les différentes portions de chromosomes et sont régulièrement réactualisées.


    (1) SNP = Single Nucléotide Polymorphism
    (2)  Cann, R., Stoneking, M., Wilson, A.C.: 1987 Mitochondrial DNA and human evolution. Nature, 325: 31-36
    (3) STR = Short Tandem Repeats




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  • La Gaule d'avant la conquête romaine.

    Flandres, Ostrevent et Hainaut étaient avant la conquête romaine et depuis plusieurs siècles, les terres de plusieurs peuples celtes:
    Les Ménapiens au nord des Flandres actuelles
    Les Morins au sud des Flandres
    Les Atrébates  en Artois
    Les Nerviens dans le Hainaut.

    Ces populations étaient globalement celtiques ou germaniques.
    C'est Jules César dans son ouvrage "la Guerre des Gaules" qui introduit plus tard la distinction entre peuples celtiques et germaniques de part et d'autre du Rhin.
    Déjà selon Strabon, celtes et germains étaient apparentés (d'où l'origine du mot "germani" au sens de "frères") avec des  apparences, des coutumes et modes de vie très semblables.

    Depuis l'époque dite de la Tène I, les principales régions du monde celtique étaient la Champagne, les rives du Rhin et la Sarre.
    A partir de 480 av.JC. et durant tout le Vème siècle, ces Celtes de la Tène soumettent le sud-est de l'hexagone entre Rhône et Alpes jusque terres des Ligures.
    L'ensemble forme une culture "celto-ligure" dans la région dont l'oppidum sera Entremont près d'Aix, ce qui posera des problèmes de cohabitation avec la cité commerçante grecque de Phocea (Marseille).

    Certains indices laissent supposer que l'incursion d'une population venue de l'est de l'Europe a pu avoir eu lieu à cette époque: des tombes typiques des Scythes ont été retrouvées en Belgique, ainsi que des pointes de flèche caractéristiques etc.

    Au début du IVème siècle, des populations de celtes vont pénétrer l'Italie du nord des Etrusques, fonder Bononia (Bologne), la cité des Boïens, et s'y installer pour deux siècles.


    Au IIème siècle, Rome reprendra les terres celtes cisalpines à partir de -225, fondera deux provinces romaines en Hispanie en -202, écrasera les celto-ligures d'Entremont en  -124,  remplacera leur cité par une nouvelle ville fortifiée Aquae sextiae (Aix), puis soumettra en -121 le roi Bituit du peuple des Arvernes qui contrôlait tout le sud-est.


    Narbonne, capitale de la Gallia transalpina est fondée en -118, la voie Dominitia reliant l'Italie à l'Hispanie est mise en chantier. Sur l'ancien territoire gaulois la nouvelle province romaine, la Provincia se peuple de colons venus d'Italie centrale.
    Face à cette pression, les élites gauloises nouent progressivement des contacts politiques, des alliances avec le Sénat romain. La Gaule a été romanisée avant même la conquête de César.


    La Gaule Belgique


    On ne connait pas précisément les peuples qui occupaient les territoires du nord de l'hexagone et de la belgique avant le IIIème siècle av.JC.
    A partir de -300/-275, des indices archéologiques indiquent qu'il s'est produit une immigration de petits groupes en provenance du milieu danubien, (après semble-t-il au moins un siècle de  dépeuplement local), et qui se sont plus ou moins agrégés au substrat celte local (dans les tombes, les femmes portent alors des anneaux de chevilles et des torques typiques du monde celte du Danube).

    Ainsi dès le IIIème siècle, les Belgae, des celtes venant de Bohème et du Danube,  franchissent le Rhin vers le sud et repoussent les tribus locales installées au nord de la Seine: On sait qu'une partie des Parisii  va passer en Bretagne insulaire (dans le Yorkshire), une autre s'installera sur les rives de la Seine, les Séquanes quittant celle-ci pour la Franche-Comté etc.


    Cette première vague de Belgae est constituée des Atrébates, des Ambiani, des Bellovaci, peut être des Remi, et sans doute des Menapii et des Morinii.
    D'autres celtes de Bohême vont également migrer vers le sud-ouest de l'hexagone, les Volques tectosages dans la région de Toulouse.

    Un siècle plus tard, durant la période dite de la Tène II (-250/-150), une seconde vague de Belgae sans doute un peu plus germanisés,  passera du nord au sud du Rhin: les Nervii et les Eburones, certains comme les Catuvellaunni passent en Bretagne insulaire autour de Colchester.

    A partir de 120 av.JC., deux peuplades de germains quittent le Jutland/Danemark (Les Cimbres) et la région de l'Elbe et du littoral de la Baltique (les Teutons) et vont semer l'effroi dans toute l'Europe pendant une vingtaine d'année. Ils avaient été rejoint en Bohême par quelques tribus de Boïens, puis par des Helvètes, les Tigurini, les Ambrons, les Ombriens.


    Selon Tite-Live, après avoir été finalement repoussés par les Ibères, les Cimbres se réunirent aux Teutons à Rouen (Rotomagus)  vers -103.
    Selon César, la Gaule Belgique avait seule résisté aux Cimbres et aux Teutons. Une partie des Cimbres serait restée dans un territoire situé entre la Sambre et la Meuse, ce qui correspond à l'Avesnois en France actuelle et les terres entre Charleroi, Namur, Dinant, Chimay en Belgique, sous le nom d' Atuatuques entre le pays des Nerviens et celui des Eburons.
    Finalement les Teutons puis les Cimbres seront réellement anéantis en -102 par le général romain Marius, les premiers à Aquae sextiae (Aix)  puis les seconds un an plus tard dans le Piémont.

    A l'origine avant la romanisation, chaque peuple (appelé plus tard civitas / cité) était constitué de plusieurs tribus (ou pagi), en général 3 ou 4.
    Chaque pagus était un ensemble de familles liées par des liens de sang, de tradition ou de voisinage et formant un rameau d'une plus grande peuplade, mais avec une réelle indépendance.
    Il est probable que celles ci portaient en général le nom de l'ancêtre, réel ou mythique, dont elles croient descendre. Ainsi certains pagus sont les descendants des anciens clans, les représentants des "gentes", des clans ayant migrés à la suite d'un chef dont tout les membres (clients) avaient le même nom, la même croyance, le même domaine et le même étendard, associés pour "le culte, la terre et la guerre".
    Au milieu du 1er siècle, le pagus gaulois ne correspond déjà plus exactement au clan qui avait déjà dû se morceler en un certain nombre de familles.
    La très grande mobilité des populations gauloises entre les Pyrénées et le Rhin fut stoppée par la domination romaine qui fixa le pagus dans un canton, un territoire.
    Les cantonnements de ces différentes tribus, des ces pagi, ont conservé souvent jusqu'à nos jours le nom distinct de "pays". Ainsi, les pays de France sont les anciens territoires de ces tribus / pagi antiques.

    César à son arrivée en Gaule (BG, I, 1) au milieu du Ier siècle av.JC. délimite très grossièrement une Gallia Belgica  au sud par la Seine inférieure et la Marne, à l'ouest par le littoral, au nord et à l'est par le Rhin ("Les Belges étaient séparés des Gaulois par la Seine et la Marne" Bellum Gallicum).
    A ce moment, il se réfère à la géographie de la Gaule du Nord établie grossièrement par le Grec Posidonios du début du Ier siècle av.JC.

     
    Les trois Gaules avant la conquête.

    "Toute la Gaule est divisée en trois parties, dont l'une est habitée par les Belges, l'autre par les Aquitains, la troisième par ceux qui, dans leur langue se nomment Celtes, et dans la nôtre Gaulois. Ces nations diffèrent entre elles par le langage, les institutions et les lois."

    Par la suite dans les tomes suivants relatant les campagnes contre les Belgae, il semble qu'il distingue d'une part une Gallia Belgica au sens large et d'autre part un Belgium plus restreint à l'ouest, regroupant les tribus de Belgae véritables qui étaient issues des premières migrations du IIIème siècle.


    Ce Belgium au sens strict aurait été circonscrit entre l'Authie et le nord du Vexin et entre le littoral et l'Oise, soit les territoires des Ambiens, des Bellovaques, des Viromanduens, des Atrébates.
    Ces peuples et ces territoires ont pour caractéristiques communes de n'avoir pas eu d'oppida à cette époque (au sens de centre économique déjà ancien), d'avoir été émetteurs de nombreuses monnaies caractéristiques dès le IIème siècle, en particulier chez les Ambiens, et enfin d'avoir des coutumes funéraires avec incinération .


    Il est difficile de reconstituer précisément la géographie des tribus gauloises ou germaniques de cette Gaule du nord ou Gaule Belgique au premier siècle av.JC. avant la conquête romaine.

    Les peuples Belgae au sens de César:


    Au sud-ouest, les Bellovaques sont situés dans la région autour de l'actuelle ville de Beauvais. César cite un oppidum Bratuspantium (BG, II,13) qui reste non situé à ce jour et qui n'était peut être qu'un site retranché.

    Autour de la Somme, au sud de l'Authie,  les Ambiani sont établis dès le milieu du IIème siècle av.JC.  
    Samarobriva ("le pont sur la Somme") à l'ouest  d'Amiens fut plus tard leur capitale mais semble n'avoir été au départ qu'un camp de César autour duquel s'est agrégé une population.  Il est supposé que le peuple des Britanni ait occupé la basse vallée de la Somme et la côte avant de migrer dans l'ile de Bretagne.

    L'amont de la Somme jusqu'à l'Oise était le territoire des Viromanduens (les "hommes-chevaux") qui étaient sans doute "clients" des Ambiens. Leur oppidum était probablement situé sur l'emplacement de l'actuelle ville de Vermand.

    L'est du Pas-de-Calais actuel, l'Artois jusqu'à Cambrai, le pays entre la Scarpe et l'Escaut, était occupé par les Atrébates. Nemetocenna (Arras) sur l'amont de la Scarpe fut plus tard leur capitale.

    Les peuples celtiques au sens de César:


    Les Suessiones sont à l'est des Bellovaques, autour de la future ville de Soissons sur l'Aisnes. Leur capitale/oppidum était nommé Noviodunum.

    Plus à l'est encore, les Rèmes occupent le vaste territoire de la Champagne, de la Marne aux Ardennes et jusqu'à la Meuse. Leur oppidum était Durocortorum (Reims actuel).



    Les peuples belges germanisés:

    Les côtes du Pas-de-Calais et des Flandres était peuplées par les Morins, d'Etaples à Bruges. Leur principal port était Bononia (Boulogne) et il n'est pas fait mention d'un oppidum principal à cette époque.

    Plus au nord, les Ménapiens  étaient les occupants des côtes des Flandres actuelles, de la Zélande, des Bouches du Rhin sur les deux rives, depuis Cassel au nord de l'Hexagone, jusqu'à Gand et le cours de l'Escaut à l'est.

    Les Nerviens étaient récemment installés dans le Hainaut actuel, entre l'Escaut à l'ouest et la Dyle et la Sambre à l'est, autour de l'actuelle ville de Bavay. Leurs oppida ne sont pas connus.

    Selon César, les Eburons se trouvait très à l'est, entre le Rhin et la Meuse. Seule une petite partie occupait la rive gauche de la Meuse au sud du Demer au niveau de Liège et jusqu'à la Dyle qui les séparait des Nerviens. Leurs deux rois au moment de la conquête étaient Ambiorix et Catuvolcos.
    Leur nom fait référence à l'If  pour lequel ils étaient réputés.

    Depuis la guerre des Cimbres cinquante ans plus tôt, une partie de ceux-ci s'étaient établis entre les Nerviens et les Eburons sous le nom d'Aduatuca/Atuatuques.
    Il semble que leur territoire s'étendait entre la Sambre et la Meuse, c'est à dire l'Avesnois et la Fagne.  Leur oppidum a été récemment situé près de la Sambre entre Maubeuge et Charleroi, au sud de Thuin

    La vaste région entre l'estuaire de l'Escaut et la Meuse au nord du Demer et des territoires des Nerviens et des Eburons étaient alors une zone humide et désertique.

    A l'est et au sud de la Meuse au niveau de Liège et Namur se trouvaient les Condruses, qui ont donné leur nom à la région Wallonne du Condroz.
    Au sud au niveau de Dinant se trouvaient les Paemani
    puis les Sègnes sur la rivière l'Ourthe.
    Encore plus au sud s'étendait le vaste territoire des Trévires entre Meuse et Moselle correspondant au Luxembourg actuel. Leur oppidum a été situé à Titelberg au Luxembourg et remontait à la période Hallstattienne.

     

    A l'extérieur de la Gaule, les peuples "germaniques":

    Quelques décennies plus tôt, les Cimbres et Teutons ont bousculés les populations des territoires traversés, dont les Celtes d'Europe Centrale (Boïens de Pannonie) et le groupe des Suèves du centre-nord de la Germanie.


    Tacite (58-120 apJC.) situe leur territoire d'origine entre l'Elbe et l'Oder, les divise en plusieurs nations dont les Semnones, les Lombards, les Angles etc, les dit adorer Ertha la "Terre-Mère".
    Strabon (60 av.JC.-20 ap JC.)  les situe dans la forêt hercynienne et César les décrit comme des pasteurs guerriers.
    Jusqu'à présent, l'archéologie semble montrer qu'ils n'étaient ni tous celtes ni tous germains.
    Ainsi, au début du Ier siècle av.JC, une grande partie de ces Suèves se déplace vers le sud-ouest pour atteindre la moyenne vallée du Rhin ( les Champs Décumates), le Bade-Wurtemberg actuel, qu'ils occupent avec les Vangions vers 65 av.JC.

    Une coalition celte des Boïens, Helvètes, Rauraques, Usipètes et Tenctères  avait tenté de s'interposer vers -72, mais avait été défaite à Magetobriga par les Suèves d'Arioviste (Magetobriga pourrait correspondre à Magdebourg en Allemagne orientale sur les rives de l'Elbe moyen) .
    Après cette déroute, les Helvètes se seraient installés plus au sud en Suisse vers -70 et les Rauraques de la Rhur au sud de l'Alsace.
    Les Suèves s'installent de la région de Cologne, au pays de Bade à l'est du Rhin et jusqu'au nord de l'Alsace.

    Depuis le début du siècle, l'important peuple des Séquanes de la Franche-Comté (et alliés aux Arvernes) s'opposait au peuple des Eduens, allié de Rome, qui contrôlait la navigation sur la Saône.
    Entre 65 et 61, une coalition de circonstance entre Arioviste et Séquanes permet à ceux-ci de vaincre la cavalerie et toute la noblesse des Eduens.
    C'est alors que les Helvètes d'Orgetorix décident de poursuivre leur migration vers l'ouest sous la pression suève.

     


     


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